Fair-play sur les terrains de sport et en dehors des terrains de sport

Johann Olav Koss, qui a remporté quatre fois la médaille d'or des Jeux olympiques en patinage de vitesse, est actuellement Président et Directeur général de l'organisation non gouvernementale Right to play. Cette organisation, qui a été le produit de l'initiative d'aide olympique de Lillehammer, préconise le sport et le jeu pour le développement des enfants et des jeunes gens. Koss a également participé à une série d'initiatives antidopage, avant de s'être retiré du sport de compétition et après.

Par Raggie Johansen

Johann Olav KossKoss ne croit pas qu'il y ait maintenant plus d'athlètes qui trichent que lorsqu'il participait lui-même au sport de compétition au milieu des années 90. À son avis, le dopage est en fait moins répandu dans le domaine du sport que ne le croient la plupart des gens.

"Je pense que la proportion de tricheurs est tout à fait constante", dit-il. "Mais certains sports sont plus touchés que d'autres, et nous devons attirer encore plus l'attention sur ce problème. Je ne sais pas s'il est possible de gagner ce pari, car il est difficile de lutter contre toutes les formes de tricherie en sport."

Le profit est la raison clef du dopage, selon Koss. L'entourage des athlètes, souvent des entraîneurs ou d'autres chefs d'équipe, essaie de les inciter à prendre des médicaments susceptibles d'améliorer les performances - ce qui contribuera à accroître leurs gains.

"Ces gens exploitent le potentiel des athlètes pour la gloire et l'argent", ajoute-t-il. "Je ne pense pas que les athlètes diraient d'eux-mêmes: je veux prendre des drogues."

Koss est d'avis qu'une fois surpris à utiliser des substances illégales tout athlète devrait être exclu à vie du sport de compétition. En outre, il suggère que l'on stocke à long terme les échantillons de sang et d'urine pour pouvoir éventuellement détecter la présence de médicaments le jour où les progrès technologiques le permettront.

Un athlète pourrait être dissuadé de prendre des médicaments s'il savait que même si c'est aujourd'hui impossible de déceler une substance particulière, cela pourrait être possible dans trois ou quatre ans en utilisant les échantillons stockés, et qu'en cas de découverte ultérieure il perdrait rétroactivement sa médaille et sa gloire.

Malgré le problème du dopage, Koss est toujours convaincu que le sport a le pouvoir de tirer le meilleur des athlètes professionnels, dont bon nombre désirent vivement contribuer et participer aux travaux de l'organisation non gouvernementale Right to play. Il cite l'exemple du patineur de vitesse américain et champion olympique, Joey Cheek, qui non seulement a fait don à l'organisation non gouvernementale de l'argent du prix qu'il avait reçu, mais aussi a évoqué la situation tragique des enfants au Darfour lors d'une conférence de presse.

Grâce à l'organisation non gouvernementale Right to play, des athlètes peuvent établir des liens entre le sport et le développement dans certaines des régions les plus déshéritées du monde, déclare Koss. Le sport ne sert pas seulement à se divertir, mais permet aussi de rapprocher des gens et de renforcer des collectivités locales.

Les jeunes gens pratiquant un sport apprennent à en connaître les règles, le travail d'équipe et le fair-play, ce qui à son tour peut conduire à une prise de décisions démocratique au sein de leur collectivité. Faire du sport ensemble incite souvent les jeunes gens à entreprendre des activités communes pour le bien commun, par exemple construire des terrains de jeu ou des terrains de sport.

Tout en appréciant les bienfaits qui en résultent pour la collectivité en général, Koss est aussi de toute évidence encouragé par l'impact direct et concret que le travail de son organisation peut avoir sur les individus. Il raconte l'histoire d'un entraîneur de son l'organisation non gouvernementale dans le camp de réfugiés de Lugufu en République-Unie de Tanzanie. "C'est un jeune garçon, de 21 ou 22 ans, un véritable animateur de l'organisation non gouvernementale - c'est sa vie et sa raison d'être, c'est ce qu'il aime faire. Chaque jour, il fait participer des centaines d'enfants à diverses activités. Il s'est marié dans le camp de réfugiés et a deux enfants, qu'il a décidé d'appeler, à cause de son travail, d'après le nom de bénévoles de l'organisation non gouvernementale. C'est véritablement incroyable de constater l'influence que nous avons eue sur lui."

La joie et l'enthousiasme que suscite le sport peuvent aussi servir de stimulant puissant et inciter des personnes à faire des choses qu'elles ne seraient autrement pas disposées à faire. En Zambie, par exemple, l'organisation non gouvernementale Right to play a organisé un tournoi de football sur des terrains proches d'un centre de vaccination et a établi une "carte d'admission"avec l'image d'un footballeur local très connu, Kalusha Bwalya. En conséquence, le nombre de vaccinations a considérablement augmenté.

L'organisation non gouvernementale Right to play coopère avec divers organismes de l'ONU, des groupes du secteur privé et des fédérations sportives dans le cadre d'un groupe de travail international pour promouvoir le sport comme instrument de développement et de paix. L'objectif est de faire une place plus importante au sport dans les politiques nationales.

"Les gouvernements ne prennent plus l'exercice physique suffisamment au sérieux", déclare Koss. "Mais, étant donné que le sport est étroitement lié aux Objectifs de développement du Millénaire, nous avons réussi à élaborer une approche transversale qui permet aux ministères intéressés d'obtenir des conseils sur la manière d'intégrer le sport dans leurs activités profesionnelles."