Le pillage de la nature - La faune, les forêts et les effets de la criminalité organisée

TOC Campaign21 Décembre 2012 - La criminalité environnementale, notamment le trafic d'espèces sauvages et de bois, est une importante source de revenu illicite pour les criminels. Par exemple, la valeur du commerce illégal de bois en provenance d'Asie du Sud-Est et à destination de l'Union européenne et de l'Asie était estimée à 3,5 milliards de dollars en 2010, tandis que la vente d'ivoire d'éléphant, de corne de rhinocéros et de parties de tigre en Asie représentait à elle seule quelque 75 millions de dollars dans la même année.

Comme forme de criminalité organisée transnationale, le trafic d'espèces sauvages et de bois fait l'objet d'une nouvelle campagne de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Des informations sur la campagne de sensibilisation, qui a pour but d'attirer l'attention du public sur les différents aspects de la criminalité organisée, sont disponibles sur le site www.unodc.org/toc et comprend une nouvelle vidéo de sensibilisation diffusée en ligne ( www.youtube.com/unodc) et sur des chaînes de diffusion internationales.

La page web et la vidéo illustrent les coûts financiers et humains engendrés par la criminalité organisée en prenant également en compte la criminalité environnementale.

La page web de la campagne inclut également des fiches d'information et une rubrique dédiée à la problématique de la criminalité environnementale ( http://www.unodc.org/toc/fr/crimes/environmental-crime.html ) et est principalement axée sur les deux mouvements les plus importants : le trafic d'espèces sauvages de l'Afrique et d'Asie du Sud-Est vers l'Asie.

Comme le trafic de drogues, le commerce illicite d'armes et la traite des êtres humains, le commerce illégal d'espèces sauvages et de bois impliquent des répercussion négatives pour la sécurité et le développement. Particulièrement aigu dans les pays en voie de développement, ils alimentent la corruption, comme les trafiquants en cause se fient souvent à la fraude documentaire d'agents publics corrompus pour faire passer des produits à travers les frontières.

La criminalité environnementale cause des dommages irréversibles à l'environnement par le biais de pratiques comme l'exploitation illégale des forêts. Elle a autant de répercussions négatives sur les échanges touristiques, qui sont un élément essentiel de beaucoup d'économies nationales en Afrique et en Asie du Sud-Est, résultant de l'épuisement des ressources naturelles et de la violence qui découle des activités illégales comme le braconnage. Comme conséquence d'un tourisme réduit et d'une hausse de dommages environnementaux, les communautés locales perdent leur moyen de subsistance.

L'éléphant, le rhinocéros et le tigre sont trois des principales espèces menacées d'extinction qui sont abattues pour leur peau et/ou leurs os. L'ivoire, la corne de rhinocéros et les parties de tigre figurent parmi les "produits" d'animaux de grande taille

les plus appréciés faisant l'objet d'un trafic depuis diverses régions d'Asie du Sud-Est et d'Afrique vers l'Asie, pour satisfaire les marchés pour produits d'animaux exotiques lucratifs à l'étranger. Pour illustrer l'énorme impact de ce commerce, d'une population estimée à 100,000 au début du vingtième siècle il ne reste maintenant qu'environ 3,200 tigres à l'état sauvage. En plus, de nombreuses autres espèces sauvages plus petites sont « récoltées » pour la médecine traditionnelle ou capturées vivantes pour le marché des animaux de compagnie

L'Asie du Sud-Est abrite environ 7 % des forêts anciennes du monde et de nombreuses espèces d'arbres uniques. La région connaît le taux de déforestation le plus élevé de la planète, due à l'exploitation illicite du bois, causant des dommages irréversibles à l'environnement. Le bois illicitement coupé provient principalement de l'Indonésie et poursuit son chemin sur les marchés européens et asiatiques.  Selon des estimations, l'Union européenne importe environ 20 % du bois illicitement coupé au monde et la Chine environ 25 %.

La lutte contre la criminalité environnementale exige une réponse globale et coordonnée et une utilisation adéquate des instruments d'enquête et d'application de la loi, dans l'ensemble du système de justice pénale. Les pays en voie de développement ont besoin  de décents moyens de subsistance pour les groupes marginalisés qui sont contraints par la pauvreté et à l'exploitation de recourir au braconnage des espèces sauvages, l'abattage illégal ou d'autres formes de la criminalité liée aux espèces sauvages.

La Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et la Convention des Nations Unies contre la corruption, dont tous deux l'ONUDC est le gardien, contiennent des dispositions détaillées à l'appui de la coopération internationale dans la lutte contre la criminalité organisée et la corruption.

En 2010, l'ONUDC et cinq autres organisations ont uni leurs forces afin de lancer le Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages (ICCWC) dont la tâche est de mettre en place des services de soutien coordonnés pour les organes administratifs et répressifs en matière d'espèces sauvages au niveau national ainsi que des réseaux régionaux et sous-régionaux connexes agissant en défense des ressources naturelles.

Le Wildlife and Forest Crime Analytic Toolkit, un outil d'analyse, qui aide les gouvernements à identifier les forces et les faiblesses de leur dispositif de justice pénale visant à combattre les crimes liés aux forêts et aux espèces sauvages, est un produit de cette alliance. En Indonésie, l'ONUDC s'emploie à rompre le lien entre l'exploitation illégale et la corruption.

L'ONUDC contribue à renforcer la capacité des forces de l'ordre indonésiennes et de la justice pénale pour enquêter et poursuivre les crimes liés aux forêts et des cas de corruption.

Le public peut également jouer un rôle dans la lutte contre la criminalité environnementale. Les consommateurs peuvent aider à réduire la demande de produits illégales d'espèces sauvages et du bois en étant conscient des espèces bénéficiant d'une protection et en prêtant bien attention à l'étiquetage lors de l'achat de produits de bois. Les touristes doivent choisir leurs destinations avec soin et soutenir les efforts de l'écotourisme, y compris ceux assurant que ni d'animaux et ni de produits dérivés ne sont ramenés par les touristes.

Les entreprises ont également un rôle important à jouer. En veillant à ce que tous les bois et produits dérivés qu'ils achètent sont d'origine légale, ils peuvent diminuer les revenus des trafiquants et en conséquence diminuer aussi la déforestation.