La lutte contre la traite des personnes en Afrique de l'Ouest : l'ONUDC et l'histoire d'Anna et Precious

Photo: UNODC28 janvier 2015 - Il y a quelques années, Anna*, désormais âgée de 24 ans, et son amie Precious*, aujourd'hui 19 ans, ont été amenées du Nigeria à Okah, dans le nord de la Côte d'Ivoire, sous le prétexte d'emplois attrayants. Avec des conditions de vie difficiles à la maison, le choix de se déplacer pour une vie meilleure, de gagner de l'argent et de poursuivre davantage d'études était apparemment facile. L'opportunité, cependant, n'était pas aussi innocente qu'elle le semblait; Anna et Precious sont vite devenues elles-mêmes des victimes de traite.

Pour plus de sept jours, et dans des conditions terribles, les trafiquants ont déplacé Anna et Precious illégalement à travers plusieurs frontières nationales. Arrivées à destination, les deux amies ont été forcées à avoir des relations sexuelles avec plusieurs hommes afin de payer leur « dette » de 2600$, correspondante aux frais de leur voyage vers la Côte d'Ivoire. N'ayant pas le choix, les filles ont dû se soumettre à des relations sexuelles avec au moins 11 hommes par nuit pour aussi peu que 2$ par client, pour une période de deux ans.

En octobre 2013, l'ONUDC a été contacté par la Police des Nations Unies (UNPOL) en Côte d'Ivoire en raison d'un cas suspect de traite des personnes. Des cas de filles et de femmes victimes d'exploitation sexuelle avaient déjà été rapportés dans les zones d'exploitation minière dans le nord du pays. Anna et Precious ont réussi à rencontrer un agent de police des Nations Unies après avoir échappé à leurs trafiquants, et ont été mises en sécurité. « Je ne pouvais pas imaginer qu'un être humain pourrait en exploiter un autre de la manière dont nous l'étions », a témoigné Precious. « Nous étions utilisées comme des machines à faire de l'argent ».

Suite à la fuite d'Anna et Precious, les trafiquants ont été capturés et éventuellement condamnés à cinq ans de prison pour leurs crimes, tout en recevant 2000$ d'amende. Après le procès, les deux amies ont d'abord été emmenées dans un refuge dans la ville d'Abidjan en Côte d'Ivoire, puis rapatriées au Nigeria avec le soutien de l'ONUDC et de ses partenaires. Actuellement, elles participent à un programme de réinsertion sociale soutenu par un réseau régional d'ONG en Afrique de l'Ouest, afin de les aider à recommencer leurs vies.

L'ONUDC, à travers son bureau de Dakar, appuie les efforts régionaux de lutte contre la traite des personnes. L'organisation offre des formations et des conseils pour aider les organismes d'application de la loi en Afrique de l'Ouest et du Centre, tout en offrant de petites subventions aux ONG locales qui viennent en aide aux victimes de ce crime.

Malheureusement, l'histoire d'Anna et Precious est bien trop répandue. Les trafiquants dupent les femmes, les hommes et les enfants de tous les coins du monde en les obligeant à l'exploitation sexuelle et le travail forcé. Des chiffres de l'ONUDC montrent que les femmes et les filles représentent 70 pourcent des victimes détectées, et que les filles constituent deux tiers des enfants victimes. Une avancée majeure dans la lutte contre ce crime est représentée par le Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, entré en vigueur en 2003. Cet instrument international appelle à la criminalisation de tous les actes de traite des personnes, y compris la traite aux fins d'exploitation sexuelle, le travail forcé, le prélèvement d'organes, et la servitude domestique.

* Note : Les noms des victimes ont été changés afin de protéger leur identité .

Pour plus d'informations :

Rapport mondial sur la traite des personnes de 2014

Campagne coeur bleu contre la traite des êtres humains 

L'ONUDC à l'Afrique de l'Ouest et du Centre

Section de la lutte contre la traite des personnes de l'UNODC