Afrique australe : une réponse régionale au trafic de migrants

L'ONUDC et le Secrétariat de la Communauté de développement de l'Afrique Australe (SADC) ont conjointement organisé la première rencontre régionale pour débattre des défis posés par le trafic de migrants. Photo : ONUDC

17 juin 2016 - Comme dans d'autres régions à travers le globe, les personnes en Afrique australe se déplacent sans cesse pour diverses raisons : pour chercher un emploi, pour échapper à la pauvreté, pour se réunir avec leurs familles, ou pour échapper à des conflits. En dépit de réglementations sur la migration, ces personnes ont des difficultés d'accès à des moyens légaux pour migrer et se tournent souvent vers des passeurs pour rejoindre leur destination.

Récemment, l'ONUDC et le Secrétariat de la Communauté de développement de l'Afrique Australe (SADC) ont conjointement organisé la première rencontre régionale pour débattre des défis posés par le trafic de migrants. L'événement a rassemblé de hauts officiers de l'immigration, de la police et de justice de 11 états membres du SADC.

Le directeur pour la politique, la défense et les affaires de sécurité du SADC, Jorge Cardoso, a noté que la passe de migrants "est devenue une industrie complexe de plusieurs millions de dollars, liée à la traite de personnes, et qui a le potentiel de nuire à la sécurité nationale, régionale, continentale et mondiale."

Pour sa part, la Représentative régionale de l'ONUDC, Zhuldyz Akisheva, a encouragé les États-membres du SADC à adopter une approche complète et inter-agences envers ces défis en intégrant les réponses juridiques aux efforts nationaux de gestion des flux migratoires. Dans ce contexte, la première rencontre régionale entre des practiciens de la justice pénale peut établir une plateforme pour une coopération régulière orientée vers l'action. 

En examinant les routes utilisées pour trafiquer les migrants, les pays SADC ont noté avec inquiétude la nature organisée de la criminalité dans la région, et la manière dont l'entreprise semblait générer de larges profits pour les criminels impliqués, avec un coût humain important. Les personnes entièrement dépendantes des passeurs deviennent des cibles faciles pour l'exploitation et l'abus. Ceci a été souligné lors de la réunion par les practitiens de justice pénale, qui ont fait entendre leurs inquiétudes particulières à propos de la tendance grandissante de mineurs non accompagnés trafiqués à travers la région, et l'exposition des femmes et des enfants à des abus sexuels lors des passages.

Des rapports délivrés durant l'atelier ont aussi montré que l'Afrique australe sert de pays de transit et de destination pour des personnes qui se déplacent depuis d'autres régions en Afrique, ainsi qu'en Asie. Le trafic de migrants est un défi sécuritaire dans la région car il menace la capacité des états à protéger leurs frontières nationales et met en danger les vies et la sécurité des migrants, tout en générant d'énormes profits pour les criminels, alimentant en retour la corruption et la criminalité organisée.

D'après les données partagées par les participants, plus de 350,000 migrants ont été déportés d'Afrique du Sud entre 2012 et 2016, dont 343,000 nationaux des pays SADC. Bien que l'on ignore combien de ces personnes ont été trafiquées dans le pays, plus de 4,500 affaires pénales font l'objet d'investigations à ce propos. Alors que l'Afrique du Sud a été identifiée comme la principale destination dans la région pour les migrants trafiqués, les practitiens de justice pénale ont souligné qu'en raison de l'étendue et des implications régionales de la migration illégale, aucun pays ne peut affronter ce problème seul.

La discussion a fourni une plateforme couvrant l'ensemble de la région pour améliorer le partage d'informations entre les pays SADC sur la traite de migrants, et peut leur permettre davantage de traiter ceci conjointement en accord avec le Protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, air et mer, qui complémente la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée.

À ce sujet, le secrétariat du SADC a développé une ébauche de Stratégie régionale pour lutter contre la migration illégale, le trafic de migrants et la traite de personnes, qui fait progreser une stratégie existante de 10 and pour lutter contre le trafic de personnes, particulièrement les femmes et les enfants. Le SADC a également mis en place un Comité anti-corruption en accord avec son Protocole contre la corruption, afin de renforcer les mesures contre les officiers travaillant aux frontières soupconnés de corruption.

Cependant, en dépit d'initiatives régionales de coopération, le nombre d'affaires criminelles contre les passeurs est extrêmement bas. Les représentants de justice pénale lors de la réunion ont reconnu qu'il reste des défis pour avoir des législations nationales spécifiques et une coopération transnationale qui peut mieux permettre des réponses efficaces de justice pénale sur ce sujet.

À propos de ce défi, une présentation sur le cadre légal international existant sur le trafic de migrants lors de la réunion a mis en lumière l'importance de développer une législation domestique en accord avec le Protocole des Nations Unies. De plus, dans la traite de migrants, l'accent criminel devrait être mis sur la facilitation de l'entrée illégale pour des profits financiers et matériels, alors que les migrants eux-même ne devraient pas être pénalisés.

La discussion a été délivrée dans le cadre du Programme régional pour l'Afrique australe de l'ONUDC, soutenu par le Programme mondial contre la traite des migrants de l'ONUDC et l' Action globale pour prévenir et lutter contre le trafic de personnes et la traite de migrants de l'Union Européenne et de l'ONUDC. L'Action globale est une initiative récemment dévoilée développée conjointement par l'ONUDC, l'UNICEF et l'Organisation Internationale de la Migration.

Plus d'informations :

L'ONUDC en Afrique australe

L'Action globale de l'UE et le l'ONUDC contre le trafic de personnes et la traite des migrants

L'action de l'ONUDC sur la traite des personnes et le trafic de mgirants