Les leçons tirées du travail accompli par l'ONUDC en Colombie peuvent être appliquées à la région et au-delà

Lessons from UNODC's work in Colombia can be applied to the region and beyond

Entretien avec Angela Me, Chef de la branche de recherche et analyse des tendances de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) durant sa visite des bureaux de l'ONUDC en Colombie

Quelles sont les constatations majeures faites lors de votre séjour en Colombie ?

La Colombie fait face à de nombreuses difficultés à la fois uniques et interdépendantes. Protéger cette vaste nature et biodiversité est une lourde tâche, rendue davantage difficile par les groupes de crimes organisés qui cherchent à étendre leurs activités. La culture de coca au sein du pays pose problème quant à la préservation de la biodiversité, l'apport de sécurité, le maintien de l'état de droit et l'investissement dans les communautés rurales. L'ONUDC aide à résoudre ces problèmes en agissant, par exemple, en tant qu'intermédiaire pouvant soutenir la coordination entre les différents acteurs du Gouvernement et de la société colombiens. Nous nous devons de conserver notre engagement à long-terme afin de fonder des solutions durables.

Avez-vous identifié de nouvelles opportunités ?

La solide relation entre l'ONUDC et le Gouvernement colombien est un atout, tout comme les excellents outils que l'office a développés. J'étais impressionnée par l'analyse géospatiale sophistiquée, ainsi que par le système de diffusion du Système intégré pour la surveillance des cultures illicites ; méthodes que je ramènerai avec moi à Vienne.

Que diriez-vous si la communauté internationale encourageait davantage le soutien à la Colombie ?

En ce qui concerneles pays voisins, je voudrais souligner le fait qu'ils puissent bénéficier des succès des bureaux de l'ONUDC en Colombie. Quant aux autres donateurs, il est important de leur expliquer le lien entre les drogues, les crimes et le développement, et de mettre en avant le fait que soutenir les activités contre les drogues illicites et les crimes peut aider au développement.

Quelles sont les prochaines étapes pour vous à Vienne ?

Nous avons défini une feuille de route au sujet de la collaboration avec le Système intégré pour la surveillance des cultures illicites, de manière à y intégrer le travail effectué à Vienne et en Colombie. Nous pouvons bénéficier des outils et de la connaissance de chacun. Nous avons aussi la possibilité d'avoir un bureau en Colombie soutenant les autres pays de la région.

Quels pays pourrez bénéficier le plus de cette expérience colombienne ?

Dans un premier temps, les pays voisins. La connaissance du Gouvernement au sujet de la transformation de cocaïne et des acteurs impliqués est unique. Ses voisins peuvent apprendre beaucoup en prenant, bien entendu, en compte les disparités entre les différents pays. Les pays de la région et au-delà peuvent aussi bénéficier de cette expertise en termes de surveillance des cultures et de lutte contre les activités minières illicites.

En ce qui concerne la technologie, quelle sera la prochaine étape ?

En termes de collection de données, il s'agit d'une grande base de données. Nous collectons actuellement des informations directement de la source, ce qui est relativement coûteux. Qui dit grande base de données dit s'intéresser aux informations déjà disponibles et les utiliser de manière pertinente. La prochaine étape sera l'intelligence artificielle (IA). Par exemple, si vous voulez collecter des informations au sujet des saisies de drogue, vous pouvez avoir une revue du système d'IA et réunir tous les rapports pertinents des médias. Il est toutefois important de garder un œil sur la qualité des informations. Le bénéfice d'une grande base de données et de l'IA est qu'il vous est possible d'explorer un grand nombre de choses à bas prix sans avoir à aller sur place. L'inconvénient, de ce fait, est que vous ne pouvez avoir complètement confiance en la qualité du produit.

Si vous pouviez imaginer l'ONUDC dans dix ans, comment verriez-vous son fonctionnement idéal ?

Il aurait plus de systèmes automatisés en ce qui concerne la collection de données et leur interprétation, couplés avec des études spécifiques comme le contrôle de qualité par exemple. Nous utilisons actuellement des questionnaires généraux afin de collecter les donnés des Etats membres, je doute que nous les ayons toujours d'ici 20 ans : toutes les informations seront gérées en ligne.

Comment pouvons-nous collecter des données venant des communautés rurales qui n'ont pas souvent accès à internet ?

Une possibilité s'avère être la télédétection. Par exemple, si vous voyez une lumière, vous savez ou les individus vivent. Si vous prêtez attention à l'intensité de la lumière, vous pouvez savoir quand ils sont chez ou non. Il est possible de voir s'il y a une école des les environs, ce qu'ils cultivent etc. Vous pouvez aussi comprendre beaucoup de choses en utilisant des données des téléphones mobiles.

En tant que Directrice de la recherche à l'ONUDC, Angela Me est chargée de la collection, de l'analyse et de la diffusion des statistiques relatives aux crimes et aux drogues, ainsi qu'au développement des standards internationaux dans le secteur de recherche. Cependant, Mme Me a aussi une importante responsabilité lorsqu'il s'agit de soutenir les efforts des Etats membres dans la collection de données de drogue et de crime afin de concevoir et de mettre en œuvre efficacement les politiques publiques. Au cours de sa visite en Colombie en Mars 2019, les bureaux de l'UNODC en Colombie ont abordé le sujet des difficultés et des opportunités que le pays rencontre en matière de recherche et d'impact sur la région.

 

Pour plus d'informations:

Bureaux de l'ONUDC en Colombie