Située dans la partie nord-est de l’océan Indien, la baie du Bengale comprend 2 172 millions de km2 de zones maritimes qui ont un impact sur le commerce international et les moyens de subsistance de millions de personnes en Asie du Sud. Toutefois, on sait que des activités criminelles, telles que la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN), la traite des personnes (TdP) et le trafic de migrants (TdM), ont lieu dans ces eaux. De même, les opioïdes produits dans les pays d’Asie centrale sont chargés sur des boutres et transportés par la mer d’Oman vers l’Ouest et l’Est. À l’Est, ils transitent par les pays d’Asie du Sud, notamment l’Inde, le Sri Lanka et les Maldives, pour ensuite atteindre d’autres destinations. C’est ce qu’on appelle la « Southern Route », une voie maritime bien établie pour la contrebande d’opioïdes dans la région de l’océan Indien. Pour y faire face, l’équipe du Programme mondial de lutte contre la criminalité maritime (GMCP) de l’ONUDC chargée de l’Océan Indien de l’Est (OIE) a pour mandat d’aider les États membres à mettre en place et à renforcer leurs capacités de lutte contre la criminalité maritime dans la région, en se concentrant principalement sur le Bangladesh, les Maldives, le Myanmar et le Sri Lanka.

 

En raison des défis posés par la surveillance de vastes zones maritimes de l’océan Indien où sont acheminés des stupéfiants illicites, le GMCP a convoqué le « Southern Route Partnership » (SRP) dans le cadre du Forum de l’océan Indien sur la criminalité maritime (IOFMC). Le SRP a été créé en 2016 et sert d’espace interactif qui encourage les membres des agences nationales de lutte contre la drogue, les donateurs, les organisations internationales et les agences partenaires des États de l’océan Indien à renforcer la coordination, la collaboration et la coopération internationales dans la lutte contre le trafic de drogue le long de la « Southern Route ». Suite à une réunion ministérielle de haut niveau à Colombo, au Sri Lanka, un document de conférence intitulé le « Trafic de drogue le long de la Southern Route et son impact sur les États côtiers » a été publié, servant de document de référence pour inciter les États membres à renforcer les efforts internationaux, nouveaux et en cours, des agences nationales concernées ayant pour but de perturber le trafic de drogue sur cette route.

La production de drogue ayant un impact sur les États de l’océan Indien se fait dans deux régions principales : le « Croissant d’or », qui comprend les zones de production illicite d’opium en Iran, en Afghanistan et au Pakistan ; et le « Triangle d’or », la deuxième région de production d’opium au monde, qui couvre le Myanmar, la Thaïlande et le Laos. Alors que l’héroïne produite dans le Croissant d’or fait l’objet d’un trafic par la « Southern Route », la production de drogue dans le Triangle d’Or est passée aux méthamphétamines, notamment le Yaba, une pilule très addictive qui combine méthamphétamines et caféine, introduite clandestinement dans les pays d’Asie du Sud et du Sud-Est. Yaba est devenu une drogue très populaire au Bangladesh, où elle est acheminée en contrebande en passant par la rivière Naf, une zone fluviale limitrophe du Myanmar.

En réponse à ces phénomènes, l’un des principaux domaines de soutien de l’OIE du GMCP consiste à renforcer la capacité des services répressifs maritimes des États membres ciblés, notamment les garde-côtes, les marines, les services de lutte contre la drogue et la police maritime, à lutter efficacement et effectivement contre la criminalité transnationale organisée en mer. Par exemple, au Sri Lanka et aux Seychelles, le GMCP conçoit et dispense des cours de formation en matière de visites, d’arraisonnements, de perquisitions et de saisies (VAPS), adaptés en fonction des tendances et des dynamiques actuelles de la criminalité maritime. Ces formations rassemblent des agents chargés de l’application du droit maritime de plusieurs pays de la même région afin d’encourager l’échange de pratiques, d’expériences et d’expertise dans la lutte contre la criminalité maritime. Récemment, des procureurs et des juges ont participé à ces cours afin de mieux comprendre les défis auxquels sont confrontés les agents chargés de l’arraisonnement lors des interdictions maritimes, tout en fournissant des conseils aux agents chargés de l’application du droit maritime quant aux dispositions juridiques relatives au traitement adéquat des preuves afin de garantir le succès de la poursuite des infractions maritimes. De même, l’équipe de l’OIE du GMCP a formé des agents chargés de l’application du droit maritime à la fouille de base des navires aux Maldives et aux Seychelles, en combinant des exercices théoriques et pratiques dans des scénarios simulés pour permettre une représentation plus complète des examens à bord des navires.

L’équipe de l’OIE du GMCP complète également son soutien par un accès aux technologies et aux ressources afin que les États membres ciblés puissent mieux identifier la criminalité transnationale organisée en mer, y compris le trafic de drogue, la TdP et la TdM ainsi que les menaces asymétriques en mer ou provenant de la mer. Par exemple, du matériel de sensibilisation au domaine maritime (SDM) a été fourni aux agences agents chargés de l’application du droit maritime au Sri Lanka et aux Maldives afin de permettre une collecte et une analyse plus précises des informations relatives à la SDM, allant de l’identification des navires suspects à la sensibilisation des flottes de pêche locales aux anomalies constatées en mer. Au Bangladesh, l’équipe de l’OIE du GMCP renforcent les capacités des agents de sécurité des frontières dans la lutte contre le trafic illicite de stupéfiants synthétiques dans les zones fluviales limitrophes des pays voisins. De même, l’équipe de l’OIE du GMCP a travaillé avec des homologues nationaux et des communautés locales aux Maldives pour organiser des ateliers en matière de sensibilisation à la sécurité, de préparation et de réponse à l’intention des conseils insulaires et des prestataires de services touristiques. Au Sri Lanka, le contrôle des frontières littorales est renforcé par la fourniture d’équipements liés à la sécurité afin de perturber le flux potentiel de matières explosives et d’armes par mer.

L’efficacité des efforts nationaux de lutte contre la criminalité maritime touchant les pays de l’océan Indien peut également être améliorée de manière considérable par un renforcement de la coopération et de la collaboration au niveau international. Afin de faire face à la nature transnationale des crimes, l’équipe de l’OIE du GMCP offre aux agents de la police maritime, y compris les chefs des services de lutte contre la drogue, les procureurs et les juges, la possibilité de participer activement dans des espaces permettant le contact avec leurs homologues d’autres pays de la région. L’un d’entre eux est le Réseau des procureurs, dans le cadre de l’OIFMC, qui permet aux principaux procureurs des États de l’océan Indien de partager leurs connaissances et leur expertise en matière d’enquêtes sur la criminalité maritime, ainsi que de créer des approches stratégiques et innovantes pour la poursuite des infractions maritimes.