Lutter contre le problème mondial de la corruption

Chaque année, plus de mille milliards de dollars sont versés en pots-de-vin dans le monde, enrichissant les corrompus et privant d'avenir des générations.

La corruption est un phénomène mondial qui engendre la pauvreté, entrave le développement et décourage l'investissement. Elle fragilise aussi les systèmes judiciaire et politique qui devraient servir l'intérêt général. L'État de droit étant affaibli et la voix du peuple ignorée, comment s'étonner que les citoyens fassent de moins en moins confiance aux représentants de l'État et aux institutions nationales?

Selon Stuart Gilman, chef du Groupe de la lutte contre la corruption de l'ONUDC, "une société corrompue est incapable de subvenir aux besoins de ses citoyens. Elle prive ses enfants non seulement de nourriture, mais aussi d'éducation et de soins de santé. C'est un cauchemar sans fin."

Partout où sévit la corruption, des agents publics, des dirigeants de sociétés et des particuliers commettent des actes illicites tels que la soustraction de fonds publics, le trafic d'influence et la corruption. Parmi les exemples scandaleux, il y a ceux des fonctionnaires qui volent des milliards de dollars dans les caisses publiques et des sociétés multinationales qui versent d'énormes pots-de-vin pour obtenir des marchés publics lucratifs.

Si la petite corruption ne fait pas la une des journaux, elle coûte peut-être plus cher que la grande: "Les transactions portent certes sur de petites sommes, en pièces et en petits billets, mais elles ont lieu des dizaines de milliers de fois", a dit M. Gilman.

Beaucoup de gens versent des pots-de-vin en espèces ou font des cadeaux pour accéder à l'enseignement ou à des soins de santé adaptés, accélérer des procédures administratives ou éviter d'avoir à payer une amende. Mais ce qu'elles considèrent comme un moyen de faire avancer les choses est en réalité une infraction. La corruption, à son tour, facilite la traite des êtres humains, la criminalité organisée et le terrorisme.

Cela dit, pour insurmontable que la tâche puisse paraître, il est possible de réagir. La Convention des Nations Unies contre la corruption fournit pour cela un cadre juridique global. Cet instrument international, qui est entré en vigueur le 14 décembre 2005, a été ratifié par 37 pays et signé par 137. Comme l'explique M. Gilman, "la Convention reprend les meilleures pratiques en vigueur dans le monde et commence à exiger des pays qui l'ont ratifiée qu'ils s'engagent à respecter."

On attend des États parties à cette convention qu'ils coopèrent dans tous les domaines de la lutte contre la corruption, y compris la prévention, les enquêtes, le recouvrement d'avoirs et la poursuite des délinquants. Ils doivent aussi prendre des mesures dans les secteurs privé et public et promouvoir l'action de la société civile dans cette lutte.

La société civile ainsi que le secteur privé devraient s'associer aux gouvernements pour dénoncer la corruption. Il ne fait pas de doute que les organisations non gouvernementales (ONG) peuvent influer sur le cours des choses en sensibilisant le public, en militant pour l'introduction de réformes efficaces et en révélant les agissements de certains dirigeants financiers et politiques. Les rapports d'organisations ou de particuliers courageux du monde entier ont conduit à la démission, à la mise en accusation ou à la condamnation de personnes impliquées.

Le secteur privé doit aussi prendre des mesures pour endiguer la corruption dans ses rangs. Certaines entreprises nationales et multinationales ont du reste lancé des initiatives visant à améliorer la transparence et l'intégrité des sociétés. Le Pacte mondial des Nations Unies, par exemple, regroupe plus de 2 000 entreprises privées, organismes des Nations Unies, groupements professionnels et organisations de la société civile soucieux de défendre les principes des droits de l'homme, du travail, de la protection de l'environnement et de la lutte contre la corruption.

Que ce soit ensemble ou séparément, les gouvernements, le secteur privé et la société civile peuvent jouer un rôle clef dans la lutte menée pour mettre fin à la corruption. Les particuliers peuvent eux aussi y contribuer en refusant de se livrer à des activités criminelles qui peuvent avoir des effets dévastateurs sur leur société et sur leur pays.