Director General/Executive Director
Monsieur le Secrétaire général,
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Je tiens en premier lieu à remercier la Présidence française du Conseil de sécurité pour l'organisation de cette importante réunion portant sur le trafic des stupéfiantsdans la région du Sahel et en Afrique de l'Ouest.
Je souhaite aussi adresser mes remerciements au Conseil de sécurité pour evisager l'inscription de la lutte contre le trafic de drogues et la criminalité organisée dans les mandats des missions politiques spéciales et des opérations de maintien de la paix présentes en Afrique de l'Ouest.
Permettez-moi également de féliciter les pays de l'Afrique de l'Ouest et du Sahel qui ont démontré leur ferme engagement à relever les défis posés par la drogue et la criminalité dans la région, ainsi qu'à la communauté internationale pour son importante contribution à cet égard.
Excellences,
Aujourd'hui, le trafic illicite de drogues et la criminalité transnationale organisée menacent la paix, la sécurité, l'état de droit et le développement dans de nombreuses régions du monde.
L'Afrique de l'Ouest et le Sahel sont particulièrement vulnérables en raison de problèmes complexes et interdépendants, liés notamment à l'instabilité politique, la porosité des frontières et à l'immensité de la région.
Une évaluation des menaces que fait peser la criminalité transnationale organisée en Afrique de l'Ouest a été présentée par l'ONUDC lors de la quarante-deuxième session de la Conférence des chefs d'État et de gouvernement de la CEDEAO au début de cette année.
Cette évaluation a confirmé la menace continue que pose le trafic de cocaïne en provenance d'Amérique latine et à destination des marchés européens.
Près de 33 tonnes de cocaïne ont transité par l'Afrique de l'Ouest en 2010 dont 18 tonnes ont transité à destination de l'Europe pour une valeur marchande d'environ 1,25 milliard de dollars.
Ce profit a procuré aux criminels un revenu dépassant de loin le budget alloué pour la sécurité nationale de nombreux pays de la région.
Les trafiquants ont su déjouer les mesures de détection et de répression en adaptant leurs modes opératoires et en recourant notamment au transport maritime et aux conteneurs, ainsi qu'à l'utilisation de vols commerciaux et d'avions privés.
Le Rapport mondial de l'ONUDC sur les drogues de 2013 confirme que le phénomène mondial de la drogue est une source de préoccupation en Afrique de l'Ouest.
L'héroïne transite par la région en route vers des marchés lucratifs. On a également constaté qu'une partie de la méthamphétamine saisie en Asie de l'Est provenait d'Afrique de l'Ouest.
Il s'agit également de noter que la prévalence dans la région de médicaments frauduleux, qui représentent une grave menace pour la santé et la sécurité publique, reste une source de préoccupation.
A cela s'ajoute d'autres fléaux tels que le trafic de migrants et la traite des personnes, le trafic d'armes à feu, de cigarettes et d'essence, ainsi que la piraterie dans le golfe de Guinée.
Ces menaces et les énormes profits générés impactent de manière préjudiciable les efforts déployés pour la sécurité et le développement de la région. Ils compromettent la bonne gouvernance, sapent les économies licites et alimentent la corruption.
Les fonds dégagés permettent aux organisations criminelles de soutenir leurs opérations et éventuellement d'appuyer les activités terroristes dans la région.
L'usage local de drogues c'est intensifié, de même que les problèmes de santé qui en découlent, comme en témoigne le nombre croissant d'infections au VIH attribuables à l'injection de drogues.
Les pays de la région sont pleinement conscients des risques que représente ces fléaux, en particulier la menace qu'ils font peser sur la sécurité et la stabilité nationale, ainsi que sur la crédibilité des institutions.
La communauté internationale a pris acte de l'urgence de la situation, notamment en raison de la prolifération des armes dans le Sahel, ainsi que des liens de plus en plus manifestes entre les organisations criminelles et les groupes extrémistes de la région.
Le Secrétaire général a appelé à plusieurs occasions à un soutien plus accru à l'Afrique de l'Ouest afin de répondre aux menaces qui pèsent sur la sécurité.
Le Conseil de sécurité a également exprimé sa préoccupation face à l'impact croissant du trafic de drogues et de la criminalité organisée vis-à-vis de l'aide humanitaire déployée dans la région, ainsi que des efforts de consolidation de la paix, et a rappelé à plusieurs reprises la nécessité d'une coopération internationale plus forte.
Ces préoccupations sont présentées dans le Rapport du Secrétaire général au Conseil de Sécurité sur la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogues en Afrique de l'Ouest et dans la région du Sahel.
Tel que souligné dans ce rapport, un certain nombre d'initiatives, à savoir le Plan d'action de l'Union africaine, la Déclaration politique et le Plan d'action régional de la CEDEAO visant à lutter contre le trafic de drogues, la criminalité organisée et la toxicomanie en Afrique de l'Ouest, ont été lancées ces dernières années pour faire face àces menaces sous toutes ses formes.
C'est à partir de ce constat que l'ONUDC a élaboré son Programme régional, qui constitue le cadre principal de notre assistance technique aux pays de la région.
L'ONUDC apporte ce soutien à travers un large éventail de projets régionaux, sous‑régionaux et nationaux, dont l'Initiative Côte de l'Afrique de l'Ouest, le Projet de communication aéroportuaire, le Programme mondial de contrôle des conteneurs, la plate-forme régionale de coopération judiciaire pour les pays du Sahel ainsi que le réseau des autorités centrales et des procureurs d'Afrique de l'Ouest, et l'initiative visant à renforcer les systèmes de justice pénale dans le Sahel.
Toutes nos initiatives sont mises en œuvre en étroite consultation avec les gouvernements de la région, et en coopération avec nos partenaires régionaux et internationaux, dont le Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest, le Département des opérations de maintien de la paix, le Département des affaires politiques, l'Organisation mondiale des douanes et INTERPOL.
En collaboration avec la CEDEAO et le Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest, l'ONUDC a organisé une conférence régionale des donateurs qui s'est tenue à Abidjan en octobre dernier.
La conference d'Abidjan a lancé an appel urgent de renforcer la coopération régionale et les capacités nationales pour le contrôle des frontières terrestres, maritimes et aériennes, de renforcer les systèmes de justice pénale et de promouvoir la coopération judiciaire. Nous devons davantage soutenir les efforts mis en œuvre pour lacollecte, l'analyse et la diffusion de renseignement criminel.
Ceux qui financent et commettent des actes liés au trafic de drogues et d'autres formes graves de criminalité doivent être traduits en justice conformément aux règles et normes internationales.
Cela exige en premier lieu une plus grande détermination et davantage de ressources, vu l'ampleur des défis auxquels la région fait face et la difficulté à mener des interventions dans des environnements instables et post-conflictuels.
Je tiens à remercier nos partenaires et donateurs pour leur soutien aux activités de l'ONUDC, y compris à notre Programme régional et à l'Initiative Côte de l'Afrique de l'Ouest.
Il est évident que des financements additionnels sont nécessaires pour faire face à ces menaces pressantes.
Excellences,
Comme le souligne le rapport du Secrétaire général, la lutte contre le trafic de drogues et la criminalité en Afrique de l'Ouest et dans le Sahel doit être intégrée aux efforts déployés à une plus grande échelle pour relever les défis liés notamment à la gouvernance et à l'état de droit, à la pauvreté et au chômage des jeunes.
Cette action transparaît dans la Stratégie régionale intégrée de l'ONU pour le Sahel qui pose les fondements de la stabilité et du développement durable conformément à la résolution 2056 du Conseil de sécurité.
Notre réponse conjointe implique également la nécessité d'une plus grande coordination entre les donateurs et une coopération internationale accrue.
La réunion de ce jour offre une excellente opportunité pour évaluer les priorités et les défis, de renforcer les synergies et de déterminer les stratégies les mieux à même de répondre à la situation.
Malgré le contexte de discipline budgétaire qui prévaut dans la plupart des pays du monde, je voudrais inviter tous ceux et celles qui sont réunis ici à réfléchir à notre responsabilité commune et partagée, à savoir relever les défis que posent le trafic de drogues, la criminalité transnationale organisée, la corruption, le blanchiment d'argent et le terrorisme dans la région.
Pour sa part, l'ONUDC est prêt à soutenir d'une manière continue les étatsde l'Afrique de l'Ouest et du Sahel.
Je vous remercie.