10 août 2017 - Pour lutter contre le trafic d'êtres humains venant du Cambodge, du Laos et de Birmanie en Thaïlande, les gouvernements doivent d'abord mieux l'appréhender dans le cadre du phénomène plus large d'émigration irrégulière de ces trois pays, selon un nouveau rapport lancé aujourd'hui par l'ONUDC et l'Institut de justice de la Thaïlande (TIJ). Le rapport intitulé « La traite de personnes venant du Cambodge, du Laos et de Birmanie en Thaïlande » est le premier rapport commun de ce genre à étudier la traite des êtres humains dans la sous-région, et souligne la nécessité de combiner des réponses pénales solides qui paralysent les réseaux de trafic, avec des approches qui protègent les migrants et optimisent les avantages de la migration internationale.
On estime que quatre millions de migrants vivent en Thaïlande, dont 90% proviennent des pays voisins de la sous-région du Grand Mékong - Cambodge, Laos et Birmanie. Beaucoup de ces migrants entrent irrégulièrement dans le pays et restent dans une situation irrégulière. Ils ne sont donc pas seulement vulnérables aux tromperies, aux contraintes, à la violence et à l'exploitation pendant le voyage, mais aussi une fois arrivés à leur destination. Les vulnérabilités et les risques sont amplifiés pour les enfants.
Même si le trafic vers la Thaïlande sert des fins diverses, la forme la plus courante est le trafic de main-d'œuvre. Les personnes recherchant des salaires plus élevés sont recrutées par des trafiquants qui exploitent leurs vulnérabilités en utilisant la violence physique ou des menaces pour les faire travailler dans des industries telles que la pêche ou la construction. Beaucoup de victimes de la traite, des femmes et des enfants en particulier, sont également amenées en Thaïlande à des fins d'exploitation sexuelle.
Bien que le manque de données et d'informations reste l'un des plus grands défis de la lutte contre la traite des personnes en Asie, ce rapport cherche à combler certaines lacunes dans la compréhension de la traite des êtres humains - et du trafic illicite de migrants - en Thaïlande. Parmi les nouveaux axes stratégiques figurent les profils des victimes et des trafiquants, les facteurs d'attraction et d'incitation contemporains, les itinéraires pris par les migrants réguliers et irréguliers, les honoraires payés aux trafiquants, et les méthodes et comportements des trafiquants et de leurs réseaux. Il analyse également les circonstances qui font du Cambodge, du Laos et de la Birmanie des pays d'origine pour la majorité des personnes victimes de la traite en Thaïlande.
Soulignant la nécessité d'une vue plus exhaustive de la situation actuelle de la traite dans les pays cibles, le représentant régional de l'ONUDC, Jeremy Douglas, a déclaré : « Nous comprenons maintenant mieux la situation, et nous avons identifié certains défis et opportunités pour les forces de l'ordre et la justice dans ces pays. Il est important de noter que l'étude fournit un support nous permettant d'élargir notre coopération et notre assistance ». Il a ajouté : « Nous examinons également si les résultats peuvent être utiles dans le Mékong au-delà des quatre pays participants ».
"La promotion du développement des données et de la recherche sur les problèmes de criminalité et de justice est un élément central de la mission TIJ. En s'appuyant sur l'engagement de la Thaïlande dans les forums pour la prévention de la criminalité et la justice de l'ONU, la TIJ travaille à rapprocher les débats mondiaux et les pratiques locales, et cherche à améliorer les réformes juridiques dans la région de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) ", a déclaré le professeur Dr. Kittipong Kittayarak, directeur exécutif de la TIJ.
La nature subversive de la traite confirme les difficultés pour détecter les cas et identifier les victimes. Bien que le manque d'information soit un défi mondial, la situation est particulièrement critique en Asie. Les mouvements maritimes sont opaques et le flux de bateaux autour et entre les eaux nationales est trop peu réglementé pour générer des données. Les crimes, y compris le trafic de migrants, restent souvent cachés dans le trafic maritime quotidien.
Pour aider à lutter contre le trafic de migrants, l'ONUDC gère une base de données en ligne sécurisée - le Système de déclaration volontaire sur le trafic de migrants et les comportements liés (VRS-MSRC) pour la collecte et le partage des données en matière de répression entre les pays membres. Le coordonnateur régional de l'ONUDC, Benjamin Smith, a souligné qu' « à mesure que les flux migratoires augmentent et que les crimes comme la traite des êtres humains et le trafic de migrants deviennent plus complexes, une coopération accrue entre les forces de l'ordre et le partage de l'information sont essentiels».
Les pays cibles prennent de plus en plus conscience de la nécessité d'une meilleure collecte de données et d'une meilleure documentation. Cela implique des mesures initiales visant à rendre compte précisément des enquêtes, des arrestations, des poursuites et des condamnations pour les cas de trafic d'êtres humains. En mettant régulièrement en place des méthodes de collecte nationales systématiques, une base de données peut être établie pour mener d'autres recherches, identifier les tendances, et élaborer des politiques et des contre-mesures éclairées.
Le travail de l'ONUDC sur la lutte contre la traite des êtres humains
Le travail de l'ONUDC sur la lutte contre le trafic de migrants