Renforcer l'intégrité le long de la chaîne de valeurs de la pêche en Asie du Sud-Est

Renforcer l'intégrité le long de la chaîne de valeurs de la pêche en Asie du Sud-Est. Photo: Jo Benn / WWF29 Novembre 2017 - Le secteur de la pêche est une des industries les plus essentielles dans le monde pour la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté. Néanmoins, le secteur est aussi vulnérable à un grand nombre de crimes étant donné la longueur de sa chaîne de valeurs et la toile complexe d'acteurs mondiaux qui en font partie.

Pour mieux comprendre les risques de corruption et en particulier les crimes économiques, l'ONUDC a récemment organisé une rencontre technique pour « Identifier les risques de crimes économiques et de corruption dans le secteur de la pêche en Asie du Sud-Est ».

La rencontre s'est tenue à Bangkok en Thaïlande, du 19 au 21 Novembre, avec la participation de 40 professionnels d'agences anticorruption, de forces de l'ordre et des départements de la pêche du Cambodge, d'Indonésie, de Malaisie, de Birmanie, des Philippines, de Thaïlande et du Viêt Nam. Le rassemblement visait à amorcer le développement de stratégies pour empêcher, enquêter sur et poursuivre en justice des cas de corruption, fraude et falsification.

"Les crimes dans le secteur de la pêche sont étroitement associés aux crimes économiques, et les départements de la pêche ne peuvent lutter contre ces problèmes tout seuls," a déclaré Adisorn Promthep, Directeur général du Département thaïlandais de la pêche, durant la cérémonie d'ouverture. "Nous devons exploiter les outils et l'aide disponible pour améliorer la coopération internationale sur ces questions."

En marge de l'évènement, le Département thaïlandais de la pêche a organisé une visite de terrain au port de Samutsakorn, offrant l'opportunité aux participants de comprendre comment le pays améliore la gestion et la traçabilité des captures de poisson tout au long de la chaîne de valeur de la pêche avec la mise en œuvre d'un système de données électronique. Au cours de la visite, les autorités thaïlandaises ont également présenté certaines des procédures actuellement en place pour lutter contre l'exploitation des pêcheurs sur les navires et contre la traite des personnes.

La visite de terrain a été suivie d'une rencontre de deux jours pendant laquelle les pays ont partagé des études de cas sur leurs propres systèmes de traçabilité et ont discuté des questions de crimes économiques et de corruption. Les discussions ont souligné l'association étroite avec les crimes d'évasion fiscale, qui peuvent causer d'importantes pertes économiques pour les pays. L'Indonésie a partagé l'exemple d'une compagnie de pêche, qui a causé des pertes de recettes fiscales équivalentes à plus de 13 millions de dollars US par an.

Gunnar Stolsvik, représentant le Ministère norvégien du Commerce, de l'industrie et de la pêche, a déclaré : "Les plus gros problèmes en matière de crime lié à la pêche que la Norvège ait eu à affronter au cours des dix dernières années sont les crimes de fraude fiscale et de blanchiment d'argent qui y sont associé." Le pays a créé un groupe de travail multi-agence permanent pour se concentrer sur ces crimes, a-t-il ajouté, insistant : "Nous voulons créer une industrie mondiale de la pêche qui soit plus équitable et plus forte, et nous voulons partager notre propre expérience sur cette question avec d'autres pays."

L'atelier guidait les participants à travers un processus d'analyse des risques, pour identifier des mesures préventives et des solutions pour atténuer les risques menaçant l'intégrité tout au long de la chaîne de valeurs de la pêche.

Sur ce point, Jorge Rios, Chef du Programme mondial de l'ONUDC pour la lutte contre la criminalité environnementale, a expliqué : "Nous devons soutenir les pays touchés par les crimes liés à la pêche afin de garantir qu'ils soient capables d'enquêter, de poursuivre et de sanctionner efficacement les criminels qui pillent nos mers et menacent le développement économique et social." "L'ONUDC peut fournir une assistance technique aux gouvernements de la région pour améliorer l'intégrité dans ce secteur, » a-t-il ajouté.

Participant également à l'évènement, des représentants du secteur privé ont reconnu qu'un changement était essentiel pour protéger les millions de personnes qui dépendent du poisson pour leur subsistance et comme ressource alimentaire.

"Nous devons de toute urgence rendre l'industrie de la pêche plus durable » a dit Chanintr Chalisarapong, Président de l'Association thaïlandaise de l'industrie du thon. « Il est essentiel que les gouvernements réduisent la taille de leurs flottes de pêche et augmentent la proportion de petits opérateurs, pour aider à réduire la surpêche tout en améliorant les conditions de vie.»

Cet atelier fait partie de FishNET, un programme sur quatre ans de l'ONUDC qui vise à améliorer la capacité des pays en développement pour faire face aux crimes dans la chaîne de valeurs de la pêche.

Plus d'informations:

L'ONUDC en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique

Document thématique de l'ONUDC: La criminalité transnationale organisée dans l'industrie de la pêche

L'ONUDC et la criminalité organisée