L'ONUDC fait appel à un changement de paradigme pour les femmes : de victimes à agentes du changement

UNODC calls for shift in paradigm: From women as victims, to women as powerful agents of change

Bruxelles (Belgique), 11 décembre 2019 - à l'occasion de la campagne 2019 « 16 jours d'activisme contre la violence à l'égard des femmes » et de la Journée internationale des droits fondamentaux, l'Office des Nations Unies contre les Drogues et le Crime (ONUDC) dans le cadre de l'Action mondiale contre la traite d'êtres humains et le trafic de migrants, a organisé avec la Commission Européenne un évènement spécial.

Accueilli par Franco Roberti, membre du parlement européen, le 10 décembre, les intervenantes à l'évènement étaient toutes des femmes qui ont parlé de la traite des femmes et des filles à des fins d'exploitation sexuelle dans le cadre des conflits et des situations post-conflit.

Les situations de conflit et post-conflit sont des terrains fertiles pour le trafic généralisé d'êtres humains ainsi que pour d'autres formes d'exploitation. Parmi les formes les plus fréquentes de traite des personnes dans le cadre des conflits armées sont la traite à des fins d'exploitation sexuelle et d'esclavage et l'enlèvement des femmes et des filles à des fins de mariage forcé. Au cours de l'évènement, les intervenantes ont argué qu'à la lumière du caractère sexospécifique de la traite d'êtres humains, surtout dans les cadres de conflit et post-conflit, les considérations de sexe sont primordiales pour combattre la traite de manière efficace, que ce soit au niveau national ou régional.

Myria Vassiliadou, coordinatrice UE contre la traite, a réitéré le besoin de mettre fin à la culture d'impunité attachée à la traite des êtres humains, alors que Suzan Aref, fondatrice et directrice de l'Organisation d'autonomisation des femmes en Iraq et coordinatrice du Groupe de travail intersectoriel d'Iraq pour la résolution du conseil de sécurité des Nations Unies 1325 a expliqué que « les défis liés à la traite des femmes en Iraq sont un manque de formations spécialisées, de mécanismes de mise en œuvre, d'abris appropriés pour les victimes et de bonne coordination avec les ONG ». Elle a conclu en déclarant que « il faut une meilleure sensibilisation, de meilleurs soins médicaux et plus de soutien pour les victimes ».

Donner un meilleur rôle aux femmes est une forme de promotion de l'égalité des sexes ce qui contribue fortement à l'amélioration et la paix des sociétés qui sont alors moins vulnérables aux menaces de la traite des personnes et d'exploitation dans toutes ses formes. Changer de paradigme pour les femmes de victimes à agentes du changement tant au niveau institutionnel que dans les organisations de société civile est alors devenu un thème central de l'événement.

Dans son message vidéo, Hosna Jalil, vice-ministre des affaires intérieures d'Afghanistan, a souligné les efforts entrepris par le gouvernement d'Afghanistan pour renforcer la représentation des femmes dans les services d'application de la loi au niveau national et local. Elle a expliqué comment des projets tels que GLO.ACT Asie et Moyen Orient sont essentiels pour renforcer la capacité des agences chargées de faire face à la traite des personnes.

Au cours de l'évènement, il est devenu clair qu'afin d'adresser, prévenir et combattre la traite des êtres humains, particulièrement lors de conflits, les gouvernements et organisations de la société civile doivent comprendre la dynamique résultant du conflit et ne laisser personne de côté. Elizabeth Collett, Conseillère spéciale du directeur général d'OIM a souligné les efforts d'OIM pour renforcer les mécanismes d'identification et d'assistance en matière de traite des personnes dans des environnements complexes.

Tirant partie de son expérience personnelle, Aimée Comrie, coordinatrice de projet de l'ONUDC pour GLO.ACT Asie et Moyen Orient a parlé des difficultés pour identifier les auteurs dans des situations de conflit où la structure gouvernementale peut être instable ou entièrement effondrée et l'État de droit absent. Cependant, elle rajouta également que malgré ces défis « nous pouvons et nous sommes en train de faire mieux lorsqu'il s'agit de faire face à la traite des personnes en situations de conflit ».

En parlant du travail de l'ONUDC, particulièrement les efforts entrepris dans le cadre de GlO.ACT, elle expliqua qu'il est déjà possible de travailler sur l'amélioration de la qualité des enquêtes et des poursuites, sur la diversification de la base de preuve au-delà des témoignages de victimes et sur l'analyse forensique et financière. Mme. Comrie a également annoncé que l'ONUDC, dans le cadre de GLO. ACT, créera un Réseau des Femmes qui cultivera et promouvra la participation des femmes dans le système de justice pénale en matière de traite des êtres humains.

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L'action mondiale pour prévenir et combattre la traite des personnes et le trafic illicite de migrants - Asie et Moyen-Orient (GLO.ACT Asie et Moyen-Orient) est une initiative commune de €12 millions d'une durée de quatre ans (2018-2022) de l'Union Européenne (UE) et de l'ONUDC, mise en œuvre en partenariat avec l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) dans 5 pays : Afghanistan, Iran, Iraq et Pakistan. Ce projet est financé par l'Union Européenne.

Pour plus d'informations:

GLO.ACT Asie et Moyen Orient

Résolution du conseil de sécurité des Nations Unies 1324 sur les femmes, la paix et la sécurité

Rapport ONUDC 2018 sur la traite d'êtres humains