En novembre 2024, l’ONUDC a facilité l’Opération KAFO V en Afrique de l’Ouest et du Centre, avec pour objectif de combattre le trafic illicite d’armes à feu dans la sous-région, aboutissant à d’importantes saisies d’armes à feu, de munitions ainsi que de composants liés à des Engins Explosifs Improvisés (EEI). S’appuyant sur ses succès précédents, l’opération est entrée dans sa cinquième édition, ciblant cette fois-ci un total de six pays : quatre dans la sous-région du Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger et Tchad) ainsi que deux pays côtiers : le Bénin et, pour la première fois, le Ghana.
Pour cette initiative, le Programme Mondial sur les Armes à Feu de l’ONUDC s’est associé à la Branche de Prévention du Terrorisme afin de s’attaquer aux liens entre armes et criminalité dans la sous-région. Compte tenu de la menace croissante du terrorisme au-delà du Sahel, les deux dernières opérations avaient également inclus des pays côtiers.
Au total, l’Opération KAFO V a couvert 24 zones stratégiques dans les pays ciblés, y compris des postes-frontières, des ports et des aéroports. Du 4 au 11 novembre 2024, l’opération a mobilisé plus de 500 agents des forces de l’ordre et praticiens de la justice pénale, notamment des policiers, douaniers, gendarmes, agents des services de renseignement, magistrats, chefs traditionnels, mais aussi des représentants de diverses organisations de la société civile. Après cette phase, une période post-opérationnelle s’est déroulée jusqu’au 24 novembre, visant à développer des actions supplémentaires sur la base des renseignements collectés.
Saisies et enquêtes
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L’opération a conduit à la saisie de plus de 400 armes à feu (dont plus de 250 fusils, pièces et composants), ainsi que de plus de 4 000 munitions. Compte tenu des tendances sécuritaires en cours dans la région, KAFO V a accordé une attention particulière aux explosifs ainsi qu’aux matériaux susceptibles d’être utilisés pour la fabrication d’Engins Explosifs Improvisés (EEI). Dans ce contexte, plus de 10 000 bâtons de dynamite et 5 200 mètres de cordons détonants ont été saisis, en plus d’une douzaine de munitions pour armes légères et armes conventionnelles. Les saisies comprenaient également des dispositifs de communication ainsi que des drones. Des enquêtes sont en cours pour établir les liens entre ces saisies, la criminalité organisée et le terrorisme. |
Entre autres, des quantités importantes de drogues, y compris de la cocaïne, de l’héroïne et du cannabis, d’une valeur estimée à plus de 10 millions USD, ainsi que près de 2 millions d’unités de médicaments contrefaits, d’opioïdes pharmaceutiques comme le tramadol et d’alcools frelatés ont été saisis. Parmi les autres saisies figurent des centaines de véhicules (dont 29 volés), des cigarettes et près de 500 000 USD en devises non déclarées. Une quantité significative de plus de 26 000 litres de gasoil et d’huile a également été saisie.
L’opération KAFO V a conduit à l’arrestation de 75 personnes pour des infractions liées aux armes à feu, au trafic de drogue et à d’autres crimes, y compris des liens avec des organisations terroristes. L’ONUDC fournira, si nécessaire, un soutien ciblé pour l’enquête et les poursuites dans les affaires les plus pertinentes, notamment pour faciliter la coopération internationale dans le cadre d’enquêtes conjointes. Cette initiative a également donné l’occasion de mener des patrouilles, de mettre en place des points de contrôle mobiles et de procéder à des fouilles sur la base de renseignements préalables. Durant l’opération, plus de 170 000 vérifications physiques ont été effectuées, ainsi que plus de 15 000 vérifications dans les bases de données d’INTERPOL, y compris la base de données iArms pour les armes saisies, perdues ou volées. |
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Le caractère polycriminel, l’évolution des modes opératoires et la nature transnationale des crimes liés aux armes à feu dans la région ont une nouvelle fois été mis en lumière au cours de cette opération. Elle a également souligné la prévalence de certains types de trafics transfrontaliers, notamment de drogues, de médicaments contrefaits et d’opioïdes pharmaceutiques comme le tramadol, ainsi que d’argent liquide susceptible de contribuer au financement du terrorisme. Pour relever efficacement ces défis, une coopération renforcée entre les pays de la sous-région et les pays côtiers demeure essentielle.
Un processus de plusieurs mois
Plusieurs mois de coordination et d’activités de renforcement des capacités préopérationnelles aux niveaux régional et national ont été nécessaires pour cette initiative. Les programmes de formation ont constitué un élément central des préparations à cette intervention. Des formations organisées au niveau national dans chaque pays ont permis à près de 400 agents de terrain d’acquérir les compétences nécessaires pour renforcer leurs capacités à détecter, enquêter et poursuivre les infractions liées aux armes à feu.
Une réunion de débriefing tenue le 10 décembre 2024 a rassemblé les équipes de coordination nationales de chaque pays pour évaluer les résultats de l’opération ainsi que discuter des défis et opportunités liés à la poursuite des efforts contre le trafic illicite d’armes à feu. Les représentants des pays participants ont souligné le succès de l’Opération KAFO V et l’importance de maintenir ces efforts sur le long terme. Abdou Hamani, Coordonnateur régional de l’ONUDC pour la lutte contre le trafic mondial d’armes à feu en Afrique de l’Ouest et du Centre, a mis en avant l’impact positif de la construction, au fil des années, d’une communauté de praticiens : « Lorsque nous avons des équipes qui travaillent ensemble depuis deux, trois, voire quatre ans, il y a un niveau de confiance dont nous bénéficions. Cela est essentiel pour soutenir la coopération internationale », a-t-il déclaré.
Le chef de l’équipe de coordination au Mali, le Colonel Adama Diarra, a souligné « la bonne intégration des équipes nationales dans l’organisation de l’opération, ce qui a renforcé leur engagement et leur dévouement à sa réussite ». De son côté, Mahamadou Nombre, représentant du Burkina Faso, a exprimé des préoccupations concernant le trafic croissant de composants d’EEI et de drogues comme le tramadol, ainsi que l’impact critique de la menace terroriste sur la limitation des activités dans le pays.
L’ONUDC demeure résolument engagé à intensifier ses efforts pour accompagner les pays dans leur combat contre le trafic illicite d’armes à feu et le terrorisme en Afrique de l’Ouest et du Centre, notamment par le biais d’initiatives de renforcement des capacités et d’actions opérationnelles concrètes. La réussite de l’Opération KAFO V a été rendue possible grâce au généreux soutien de l’Allemagne et du Japon.