11 mars 2015 - Un événement spécial, faisant face à la stigmatisation dominante des troubles liés à la consommation de drogues, s'est déroulé cette semaine dans le cadre de la 58ième Commission des stupéfiants. Depuis plusieurs années déjà, l'ONUDC essaie d'établir une compréhension de la toxicomanie comme un trouble de la santé avec de nombreux facteurs complexes. L'événement a souligné la nécessité que les traitements et les prises en charge de la toxicomanie soient fondés sur des preuves scientifiques et a présenté des bonnes pratiques du monde entier.
Le Directeur exécutif de l'ONUDC, Yury Fedotov, a ouvert la session en soulignant le rôle important des attitudes des gens concernant les traitements et les prises en charge efficaces, y compris l'élimination de la stigmatisation souvent attachée à des troubles liés à la consommation de drogues:
"Cela signifie qu'il faut regarder au-delà des statistiques et qu'il ne faut pas voir le toxicomane, le consommateur de drogues ou le patient, mais l'être humain ayant besoin de notre aide." En plus, il a ajouté, "C'est essentiel pour l'ONUDC de se concentrer sur la dimension humaine - les hommes, les femmes et les enfants qui sont touchés par la consommation de drogues et la toxicomanie, et toutes les autres conséquences que les drogues illicites peuvent avoir pour la santé et la société."
Cela a été répété par Gilberto Gerra, le Directeur du service de la prévention de la toxicomanie et de la santé de l'ONUDC, qui était le modérateur de la session. Dr. Gerra a expliqué que son inspiration pour le nom de l'événement et l'événement en soi venait surtout des parents des patients, pour lesquels la valeur de leurs fils et de leurs filles ne diminuaient pas simplement parce qu'ils luttaient contre la consommation de drogues. Il a ajouté que "les institutions doivent traiter les gens, comme ils voudraient traiter leurs propres familles."
Le Directeur du Office of National Drug Control Policy (ONDCP), Michael Botticelli, a illustré la stratégie évolutive des États-Unis pour régler les difficultés liées aux problèmes de drogue, en disant: "L'objet principal de notre stratégie est de comprendre, que les personnes et les familles touchées par des troubles liés à la consommation de drogues ont besoin de soins et respect. Historiquement, les politiques étaient fondées sur l'idée que les personnes ayant des troubles liés à la consommation de drogues seraient démoralisées et découragées et n'auraient pas la volonté. Cela a débouché sur l'établissement d'une réponse très punitive au problème. Aujourd'hui on a des preuves scientifiques en nombre significatif, que la toxicomanie est bien une maladie du cerveau et nécessite une réponse de santé ciblée."
Le défi de la stigmatisation est un sujet récurrent de cette session spéciale. M. Botticelli a ajouté que "si nous sommes sérieux à propos de l'élimination de la stigmatisation, nous devons promouvoir les personnes en rémission en leur donnant une voix. Offrir des possibilités à des personnes en rémission pour redevenir visible peut avoir un effet spectaculaire dans la réduction de la stigmatisation."
Nora Volkow, Directrice exécutive de l'Institut national de l'abus des drogues des États-Unis (NIDA) était également présente à la session, en tant que représentante du Réseau scientifique. Elle a présenté des recommandations, qui sont actuellement en discussion dans le cadre du Réseau scientifique, statuant à la Commission en 2015.
Xiaojun Wei, Secrétaire général adjoint de la National Narcotics Control Commission en Chine (NNCC) et Directeur adjoint de la délégation chinoise à la Commission des stupéfiants de cette année, a expliqué l'approche de son pays par rapport à l'abus des drogues: "Notre philosophie est de considérer les toxicomanes comme des victimes et des personnes qui doivent être traitées également par rapport aux autres membres de la société. Le gouvernement chinois attribue une importance majeure à la réhabilitation et aux possibilités d'emplois pour les personnes en rémission."
La session a également inclus une cérémonie de signature du programme commun ONUDC-OMS de traitement et de prise en charge des toxicomanes. À part de leurs signatures, Aldo Lale Demoz, Directeur exécutif adjoint de l'ONUDC, et Oleg Chestnov, sous-Directeur général chargé des maladies non transmissibles et de la santé mentale de l'OMS, ont officialisé l'extension du programme jusqu'en 2018. Dr. Chestnov a transmis deux messages essentiels au cours de cet événement: tout d'abord, il a expliqué que "le service de soins de santé est une pierre angulaire au problème de drogues par rapport à la santé publique (et) nous devons nous assurer que les personnes qui ont besoin de traitement ne seront pas négligées." Ensuite, en citant les résultats positifs déjà connus concernant la lutte contre le tabac et l'abus d'alcool, il a ajouté que "nous devons changer l'équilibre et renforcer les efforts au secteur de la santé publique dans nos activités."
Esbjorn Hornberg, Président du groupe de travail de la société civile pour la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies (UNGASS) et Président par intérim du Comité de Vienne des ONG sur les stupéfiants, et Heather Haase, Présidente du Comité de New York des ONG sur les stupéfiants et une des présidents adjoints du groupe de travail de la société civile pour la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies, ont ajouté leurs voix à la discussion et ont coparrainé l'événement. M. Hornberg a souligné la "nécessité d'un débat ouvert, comprenant ceux qui sont touchés par les politiques de drogues", ajoutant que, "nous devons nous assurer que notre objectif est équilibré tout en tenant compte des traités principaux des Nations Unies. La Déclaration universelle des droits de l'homme et la Convention relative aux droits de l'enfant sont des engagements très importants, qui doivent demeurer à la pointe de nos efforts collectifs". Il a également déclaré que "la prévention, le traitement et la réduction des risques sont importants pour l'application de la loi, mais qu'ils ont une importance secondaire dans les débats."
Mme Haase a profité de l'occasion pour appeler au soutien des États membres pour le groupe de travail: «Nous avons travaillé très dur pour réunir ce groupe exemplaire de représentants de la société civile. Ils ont été choisis non seulement pour leur expertise, mais aussi pour leur dévouement au travail. Nous savons qu'ils feront leur part pour faire intervenir des acteurs de la société civile du monde entier pour contribuer au processus de la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies. Je saisis cette occasion pour demander respectueusement aux États membres de faire leur part aussi. "
S.E. Cheikh Abdulla bin Rashid Al-Khalifa, Gouverneur du gouvernorat méridional de Bahreïn, a été d'accord que le traitement des personnes touchées par des troubles liés à la consommation de drogues doit être basé sur des preuves scientifiques et doit suivre les règles de la pratique médicale éthique, non différent par rapport à l'approche de toute autre maladie.
En clarifiant l'approche de Bahreïn il a dit: "Il est nécessaire de régler cette situation avec les réseaux criminels impliqués, tout en reconnaissant l'importance de l'aspect humain. Pour nous, la toxicomanie est une maladie à multiples facettes et plus important encore, c'est une maladie traitable. Les toxicomanes doivent être respectés et aidés. Ceci est le minimum, que chaque gouvernement devrait fournir, afin d'accepter que tout le monde compte. "
Entre-temps, Roberto Tykanori, le Directeur du département de la santé mentale/de l'abus des drogues du Ministère de la santé au Brésil, a pris l'occasion pour présenter une étude de cas du projet De Braços Abertos ("À bras ouverts") à São Paulo. Le projet s'inspire d'autres projets du monde entier, notamment de l'initiative "Housing First" aux États-Unis, un projet qui a récupéré un quartier de ville connu par le nom "crack land" en fournissant du logement inconditionnel, des consultations et de l'accès à la santé et à l'éducation pour plus de 1500 personnes occupant le région.
Le message uni, clairement présentés par tous les orateurs, était l'importance cruciale de traiter toutes les personnes touchées par des troubles liés à la consommation de la drogue avec respect.
Cet événement extraordinaire a été organisé conjointement par le gouvernement des États-Unis d'Amérique, l'Organisation mondiale de la santé, la section Prévention, traitement et réhabilitation de l'ONUDC, le Comité de Vienne des ONG sur les stupéfiants et par le Comité de New York des ONG sur les stupéfiants.
Le discours complet du Directeur exécutif Yury Fedotov (en anglais)
Le travail de la prévention des toxicomanies, du traitement et de la prise en charge de l'ONUDC