En Argentine, le système judiciaire traverse une crise de confiance et de légitimité. L'une des raisons de cette crise est que l'accès à la justice présente de nombreuses difficultés qui sont aggravées par l'absence de politiques publiques renforçant la transparence, la reddition de comptes et la participation des citoyennes et citoyens dans le système judiciaire.
Conformément aux Principes de Bangalore sur la déontologie judiciaire et aux dispositions relatives à leur mise en œuvre, nous pensons que la confiance du public dans le système judiciaire est de la plus haute importance dans une société moderne et démocratique. Il est également essentiel que les juges honorent leurs fonctions juridictionnelles et s'emploient activement à promouvoir la transparence du système judiciaire.
Depuis plus de trois décennies, les progrès des technologies de l'information et de la communication (TIC) font irruption dans le fonctionnement des tribunaux et des bureaux des procureurs, promettant la transparence, l'efficacité et des changements radicaux dans les pratiques de travail, tels que les tribunaux sans papier. Même si, dans la plupart des juridictions, ces promesses n'ont pas encore été tenues, les logiciels et les algorithmes exécutent déjà une part croissante des procédures judiciaires. Les effets de ces technologies sur le fonctionnement des systèmes judiciaires et les valeurs entérinées par les Principes de Bangalore sur la déontologie judiciaire sont pour la plupart positifs.
À une époque où les conflits violents, les déplacements économiques et le changement climatique provoquent des niveaux croissants d'incertitude et de peur dans le monde entier, des mouvements autoritaires et non démocratiques tentent de se présenter comme un antidote à ces préoccupations. Au lieu de cela, la solution doit être l'État de droit - une influence puissante, stabilisatrice et modératrice. En tant que juges, nous devons nous assurer que nous nous acquittons de nos responsabilités selon les normes les plus élevées et, en retour, gagner la confiance du public, dont le soutien est essentiel à l'État de droit.
On ne fera pas confiance au pouvoir judiciaire s'il est considéré comme un bastion d'élitisme, d'exclusivité et de privilèges bien ancrés, ignorant les changements de la société et les besoins des plus vulnérables. En effet, les citoyennes et citoyens auront du mal à accepter le pouvoir judiciaire comme garant du droit et des droits humains si les juges eux-mêmes agissent de manière discriminatoire. C'est pourquoi la présence des femmes est essentielle à la légitimité du pouvoir judiciaire.
Alors que le lancement du réseau mondial pour l'intégrité de la justice de l'ONUDC approche, la Déclaration de Doha sur l'intégrité de la justice y introduit les points de vue de juges du monde entier. Ces opinions seront partagées sur le site spécialisé en construction, qui comprendra une mine de ressources juridiques et une plateforme afin d'échanger sur les affaires et les différentes perspectives juridiques. Le juge Mindaugas Simonis de Lituanie a rejoint le juge José Igreja Matos, vice-président de l'Union internationale des magistrats pour anticiper les contributions au réseau mondial pour l'intégrité judiciaire afin de promouvoir et de faciliter une intégrité judiciaire mondiale.
Il y a tout juste une décennie, la suggestion faite aux officiers de justice d'introduire des règles et des obligations pour déclarer leur patrimoine, autres intérêts et activités dans le but de préserver l'intégrité judiciaire et protéger des cas de corruption fut accueillie avec un profond scepticisme.
Toutefois, cette question a de nos jours gagné du terrain dans de nombreuses juridictions et les juges eux-mêmes ne restent plus en marge de ce débat. Compte tenu de cette évolution, une véritable opportunité de progrès dans cette discussion, de partage des expériences et d'apprentissage auprès des juridictions ayant mis en place des systèmes de déclarations financières ou similaires pour leurs juges se présente. Le Réseau mondial pour l'intégrité judiciaire, une initiative bientôt lancée par l'ONUDC dans le cadre du Programme mondial de la Déclaration de Doha, offrira une plateforme unique pour cet échange.