Les liens entre corruption et criminalité liée aux espèces sauvages sont mis en évidence lors de la conférence anticorruption de l'ONU

Les liens entre la corruption et la criminalité liée aux espèces sauvages sont mis en évidence lors la conférence anticorruption de l'ONU . Photo: UNODC6 Novembre 2017 - Le secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) et l'ONUDC ont lancé un certain nombre d'évènements lors de la 7 ème session de la Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la Corruption (CoSP7 UNCAC, Vienne, du 6 au 10 novembre 2017) pour encourager les parties aux deux conventions à lutter contre la corruption associée au commerce illicite d'espèces sauvages.

Il est de plus en plus reconnu que pour limiter l'augmentation mondiale du trafic d'espèces sauvages, les gouvernements mondiaux doivent augmenter leurs efforts pour combattre la corruption corrosive qui permet à ce trafic d'exister.

Le Directeur exécutif de l'ONUDC, Yury Fedotov, a déclaré : "La corruption a plusieurs facettes et peut se produire à chaque étape de la chaîne de valeur du commerce de la pêche, du bois ou des espèces sauvages. Elle peut inclure des pots-de-vin pour obtenir des informations sur les déplacements des animaux ou des patrouilles, ou pour obtenir des droits ou des quotas, ou bien encore pour graisser les rouages des expéditions de cargaisons, pour s'assurer qu'elles ne soient pas inspectées ou saisies. L'ONUDC, en tant que gardien des conventions de l'ONU contre la corruption et la criminalité organisée transnationale, travaille avec des partenaires tels que CITES pour favoriser la compréhension et assurer que les agences de la pêche, de la faune et des forêts soient formées et bien équipées pour répondre aux situations de corruption. "

S'adressant à la session d'ouverture de l'assemblée plénière de l'UNCAC, le Secrétaire général de CITES, John E. Scanlon a déclaré : "Nous ne pouvons nous permettre de fermer les yeux sur ce grave défi. Nous n'avons pas d'autre option que de confronter directement la corruption en déployant entièrement les accords internationaux qui ont été créés pour combattre la corruption et réguler le commerce d'espèces sauvages de manière cohérente. La grande majorité des fonctionnaires sont honnêtes et engagés et nous les saluons. Toutefois, nous voyons également des agents des douanes et de la police qui sont soudoyés, des licences de chasse et de coupe de bois falsifiées, et des braconniers et trafiquants d'espèces sauvages remis en libertés suite à des poursuites obstruées. Nous devons déloger les "pommes pourries" et accentuer nos efforts pour construire et entretenir des services civils correctement rémunérés, formés et bien équipés. La ratification et la mise en place de l'UNCAC est centrale pour réaliser ce travail. "

La coopération entre UNCAC et CITES atteint un sommet sans précédent. CITES et l'ONUDC ont favorisé la mise en application des deux conventions en prenant des mesures pour faire face à cette question importante et en travaillant ensemble pour intégrer des outils pour prévenir la corruption, et pour faciliter les poursuites et la prise de sanctions contre les contrevenants, en appliquant les règles internationales mises en place par CITES pour le commerce des espèces sauvages.

À la COP17 de CITES qui s'est tenue à Johannesburg, en Afrique du Sud l'année dernière, les parties à CITES ont adopté, pour la première fois, une résolution dédiée à la corruption ( Résolution 17.6 sur l'Interdiction, la prévention et la lutte contre la corruption, qui facilite des activités conduites en violation de la Convention). Entre autres, cette résolution exhorte toutes les parties à CITES à adopter des mesures pour combattre les situations de corruption et assurer que toute pratique corrompue associée à l'administration, la régulation, la mise en place ou l'application de CITES soit passible de sanctions appropriées dans le cadre de la législation nationale. 

La corruption est également abordée dans le tout premier rapport mondial sur la criminalité liée aux espèces sauvages, publié par l'ONUDC en 2016, avec le soutien du Consortium international pour la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages (ICCWC). Le rapport enregistre plus de 7,000 espèces d'animaux et de plantes sauvages en danger échangées illégalement à travers 120 pays, où la corruption est l'un des principaux facilitateurs du braconnage et du trafic. Le commerce illicite international des grands singes ne serait pas possible sans corruption. Le braconnage de l'éléphant d'Afrique dans les zones de conflit suggère que la corruption, plutôt que le conflit, est le moteur premier du braconnage d'éléphant.

Il demeure ainsi essentiel que les parties aux deux conventions intensifient leurs efforts pour assurer que des mesures soient mises en place pour identifier, prévenir et faire face à la corruption. Il est crucial que les organes anticorruption et les autres agences compétentes en la matière s'impliquent car le problème est trop grand pour être résolu par les seules autorités de la pêche, de la faune et des forêts.

Un certain nombre d'outils sont en train d'être développés sous les auspices d'ICCWC, initiative conjointe du Secrétariat de CITES, d'INTERPOL, de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, de la Banque Mondiale et de l'Organisation mondiale des douanes. Ces outils incluent des lignes directrices anticorruption qui pourraient être utilisées pour promouvoir des politiques d'intégrité adéquates et aider les Etats membres à mitiger les risques de corruption dans la chaine du commerce des spécimens listés par CITES. ICCWC accomplit également un certain nombre d'activités pour appuyer la mise en place de stratégies et de mesures nationales anticorruption.

Plus d'informations: 

Remarques du Directeur exécutif de l'ONUDC Yury Fedotov lors de l'évènement spécial sur "L'éléphant dans la pièce: faire face à la corruption en lien avec la criminalité liée aux espèces sauvages

Septième session de la Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la Corruption

Rapport mondial 2016 de l'ONUDC sur la criminalité liée aux espèces sauvages