16 avril 2013 - L'ONUDC publie aujourd'hui une étude sur la menace de la criminalité transnationale organisée en Asie de l'Est et dans le Pacifique. Cette vaste région a connu de rapides changements économiques et sociaux au cours des dernières décennies, qui ont posé de véritables défis de régulation aux pouvoirs publics. Le rapport jette un éclairage sur la manière dont les entreprises criminelles se sont développées en marge du commerce légal ces dernières années, créant des marchés de contrebande qui brasseraient environ 90 milliards de dollars.
Les 12 marchés de contrebande examinés dans le rapport ont été regroupés en quatre catégories, à savoir: les personnes (traite des personnes et trafic de migrants), les stupéfiants (héroïne et méthamphétamine), l'environnement (faune et flore, produits forestiers, déchets d'équipements électroniques et électriques et substances appauvrissant la couche d'ozone) et enfin les marchandises (produits de contrefaçon et médicaments frauduleux).
Le trafic de drogue représente environ un tiers de la valeur des flux de criminalité transnationale organisée étudiés dans ce rapport. Les résultats de l'enquête démontrent qu'environ 65 tonnes d'héroïne, d'une valeur de 16,3 milliards de dollars, ont circulé dans la région en 2011, dont les deux tiers ont été produits dans l'État Shan du Myanmar. Une quantité importante de méthamphétamine, équivalant à une valeur de 15 milliards de dollars, est fabriquée dans la région elle-même. Toutefois, des quantités notables continuent d'affluer depuis l'Afrique de l'Ouest et le Moyen-Orient.
Environ un tiers des flux de criminalité transnationale organisée est lié à la contrefaçon, soit 24,4 milliards de dollars, tandis que les médicaments frauduleux représentent un marché de 5 milliards de dollars. La demande élevée de produits contrefaits partout dans le monde, conjuguée à la croissance de l'économie de la région et sa capacité à répondre à cette demande y ont alimenté l'essor de la contrefaçon.
Le rapport se penche également sur de nombreux types de crimes environnementaux dont les industries d'extraction comme les exploitations illégales et le trafic de produits forestiers qui génèrent 17 milliards de dollars, la faune et la flore qui représentent 2,5 milliards de dollars, le déversement de déchets d'équipements électriques et électroniques est estimé à 3,75 milliards de dollars, et le trafic de substances qui appauvrissent la couche d'ozone à 67,7 millions de dollars. Les crimes environnementaux sont particulièrement rentables en Asie de l'Est et dans le Pacifique car de nombreux pays de la région sont riches en ressources naturelles mais n'ont pas la capacité de faire appliquer les lois pour les protéger.
Ce rapport est une première évaluation des flux majeurs de criminalité transnationale organisée qui traversent la région. Il vise à contribuer à l'élaboration de politiques et de programmes de développement. Il semble nécessaire d'incorporer les réponses nationales aux stratégies internationales afin de combattre avec efficacité ces problèmes. La Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles additionnels, ainsi que la Convention des Nations Unies contre la Corruption, fournissent des plateformes utiles pour la mise en place d'un cadre normatif orientant les efforts vers un développement des capacités et un renforcement des partenariats régionaux.