COVID-19: Des séances de suivi psychologique en ligne pour les victimes de la traite en Colombie
La pandémie de COVID-19 a un impact majeur sur le soutien apporté aux victimes de la traite des êtres humains, car les services sont réduits, reportés et dans certains cas interrompus.
Mais une organisation à Medellin, en Colombie, continue de fournir des soins essentiels aux survivants en opérant en ligne grâce à un projet financé par le Fonds d'affectation spéciale des Nations Unies pour les victimes de la traite des êtres humains.
«Après que le gouvernement ait imposé des restrictions de circulation en mars dernier, toute notre équipe n'a pas pu rendre visite aux victimes auxquelles elles s'occupent habituellement en personne», explique Betty Pedraza Lozano, fondatrice et directrice d'Espacios de Mujer. "Alors maintenant, nos travailleurs sociaux et nos psychologues opèrent en ligne à l'aide d'outils comme Skype et WhatsApp."
Espacios de Mujer vient en aide à 20 femmes et un homme âgés de 18 à 30 ans qui ont été sauvés de la prostitution et du travail forcés en Colombie et dans des pays d'Asie, d'Europe, d'Amérique latine et des Caraïbes et du Moyen-Orient.
Avant la mise en quarantaine obligatoire, tous avaient pu gagner leur vie mais maintenant leur travail et leurs sources de revenus ont été interrompus. En ces temps de ralentissement économique et d'incertitude, il est particulièrement important de maintenir des réseaux de soutien pour les groupes vulnérables, explique Mme Lozano.
«La perte de travail provoque des conflits personnels et familiaux. Rester à la maison sans tâches spécifiques peut amener les victimes à s'attarder sur les événements passés. Cela peut conduire à un état de tristesse et d'angoisse, renforcé par des inquiétudes quant à l'avenir. »
Selon Espacios de Mujer, les personnes qu'ils soutiennent aujourd'hui répondent bien aux nouvelles méthodes de communication.
«Nous voyons des avantages au suivi psychologique en ligne», explique la travailleuse sociale Katherine Sarrazola. «Notre équipe psychosociale consacre en fait plus d'attention et de temps qu'auparavant aux victimes.»
Les besoins financiers sont également traités à distance. Les bons pour les produits alimentaires et d'hygiène pouvant être utilisés dans les supermarchés sont fournis via les téléphones portables par Espacios de Mujer.
La pandémie a renforcé l'importance d'une bonne communication entre les victimes secourues de la traite des êtres humains et les équipes qui les aident à reconstruire leur vie.
«Même avant la pandémie, nous nous sommes efforcés de garantir aux personnes que nous accompagnons un accès à un smartphone et à une connexion Internet», explique Betty Pedraza Lozano. «Ces étapes sont considérées comme une partie importante du processus de réintégration dans la société.»
Bien que les restrictions de circulation aient limité la portée des trafiquants d'êtres humains en Colombie à poursuivre leur commerce illicite, Mme Lozano craint qu'ils ne trouvent de nouvelles opportunités.
«Nous voyons que l'industrie du sexe virtuel se développe considérablement. La demande de services de webcam a augmenté de 30% », dit-elle.
Pendant la période de fermeture, de nombreuses femmes qui ne travailleraient pas habituellement dans l'industrie du sexe en ligne utilisent des plateformes en ligne comme source de revenu pour elles-mêmes et leur famille.
«Jusqu'à neuf heures par jour, des travailleuses du sexe, des mannequins et des femmes vulnérables effectuent des services sexuels et érotiques devant la caméra pour les internautes. Nous pensons que les trafiquants pourraient essayer de recruter de nouvelles victimes par ces canaux », explique Betty Pedraza Lozano.
Le Fonds d'affectation spéciale volontaire pour les victimes de la traite des êtres humains, géré par l'ONUDC, fait partie intégrante de l'initiative mondiale de lutte contre la traite des personnes et fournit une aide humanitaire, juridique et financière aux victimes de la traite par le biais d'organisations non gouvernementales.
