Communiqué de presse

L'action des Nations Unies pour combattre la pédophilie sur Internet

Le 27 Septembre 2013 - Un groupe d'experts s'est réuni à Vienne cette semaine pour évoquer l'impact des nouvelles technologies de l'information sur l'abus et l'exploitation des enfants mais aussi pour consolider les mesures qui se sont avérées efficaces pour combattre ces phénomènes. La réunion a rassemblé différents experts œuvrant dans des domaines tels que la politique, la recherche, l'industrie ou l'enseignement.

L'exploitation en ligne des enfants est une préoccupation internationale croissante de plus en plus répandue du fait des avancées des nouvelles technologies. La baisse des coûts des technologies de l'information et de la communication (NTIC) et l'accès toujours plus facile à Internet permettent aux délinquants sexuels d'accéder à de nouveaux contenus et à une communauté en ligne pour affirmer leur comportement violent et abusif.

Les enfants et les jeunes deviennent utilisateurs des nouvelles technologies de plus en plus tôt et passe toujours plus de temps devant leur ordinateur. Ils s'exposent malgré eux aux prédateurs en ligne et ce à un rythme sans précédent. La violence sexuelle à des fins privées et commerciales, la traite des enfants, le cyber toilettage et la cyber intimidation sont quelques-uns des risques menaçant de plus en plus les enfants du monde entier à l'ère digitale.

Selon le directeur exécutif de l'ONUDC Yury Fedotov : « L'exploitation des enfants n'est pas un phénomène nouveau mais l'ère digitale a exacerbé le problème et a eu pour effet de rendre les enfants plus vulnérables ». Bien que les avancées de la technologie de l'information et de la communication n'aient pas nécessairement donné lieu à des formes inédites d'exploitations infantiles, elles ont dans certains cas modifié la nature et la dimension de cette exploitation.

Grâce à Internet, les prédateurs en ligne peuvent se rapprocher facilement de très nombreux enfants en utilisant les chats, les jeux en ligne, les réseaux sociaux ou en envoyant des mails pour trouver et cibler des nouvelles victimes. Selon le Docteur Joe Sullivan, psychologue judiciaire s'occupant des délinquants sexuels : « Avant Internet, on considérait qu'un délinquant ayant 150 images avait une collection énorme, aujourd'hui une collection de 150 000 images est un classique et des collections de 1,5 millions ont déjà été recensées. » 

De nouvelles formes d'exploitations se développent grâce à une accessibilité accrue : les documents pédopornographiques à la demande en sont un exemple. Les délinquants sexuels passent leurs commandes en fonction de leurs critères comme l'âge ou l'ethnie de la victime, la nature de la conduite sexuelle, ou d'autres recommandations pour le moins douteuses.

De nombreux facteurs exposent les enfants à cet abus en ligne : le genre joue un rôle considérable puisque la majorité des victimes sont des filles mais l'ethnicité, le milieu social, le jeune âge et les comportements risqués typiques de l'adolescence rendent les enfants plus vulnérables que les autres.

La modernité y est pour quelque chose. Selon Michael Moran, Directeur assistant à INTERPOL œuvrant contre le Trafic des personnes et l'exploitation des enfants : « Auparavant, les enfants avaient des parents protecteurs qui servaient de barrières à de telles pratiques, ce n'est plus le cas aujourd'hui. »

Le cyberespace globalisé et anonyme ainsi que de nouvelles méthodes permettent aux prédateurs de ne pas être repérés. Une multitude d'obstacles techniques empêche les gouvernements d'identifier et de traiter le crime relatif à l'exploitation d'enfants. Des réseaux de criminalité organisée s'engouffrent dans la brèche en profitant des marchés du trafic sexuel des enfants et de la pornographie juvénile commerciale. 

De manière générale, l'absence de législation cohérente et appropriée constitue un obstacle majeur pour mener à bien les enquêtes et les poursuites. La position des Etats varie considérablement quant à leur définition des différentes formes d'abus et d'exploitation. Dans la majorité des cas, ils ne peuvent pas agir assez vite pour voter des lois rapidement dépassées par la technologie.

Néanmoins, la technologie peut aussi offrir des opportunités favorables à la consolidation de la loi et aider les gouvernements à combattre ce fléau. « Internet est une bonne chose pour les officiers de police - il a permis de ramener ces vers de terre à la surface. Nous pouvons maintenant les identifier et les traquer. » C'est en ces termes que s'est exprimé Jonathan Rouse, détective-inspecteur de la police du Queensland en Australie en charge d'un groupe de travail sur ordinateur contre les crimes juvéniles. Les innovations dans les méthodes et techniques telles que les bases de données d'identification des victimes ont également permis d'améliorer les procédures d'expertise pour faire avancer les enquêtes.

Les experts en conviennent, l'amélioration de l'éducation et la sensibilisation sont essentielles pour protéger les enfants. Selon M. Rouse « Il est nécessaire d'agir efficacement et ne pas être attentiste pour régler cette question. » Les parents doivent œuvrer pour surmonter la fracture numérique générationnelle. Il est primordial qu'ils portent un intérêt implacable à la technologie qu'ils mettent aux mains de leurs enfants, qu'ils leur inculquent l'usage et les risques sous-jacents à une utilisation insouciante. « Les parents et les éducateurs doivent savoir comment les délinquants sexuels fonctionnent » ajoute le Docteur Sullivan. « Ils sont souvent surpris par le degré de sophistication et de manipulation que les délinquants mettent en œuvre pour avoir accès aux enfants. »

« L'ONUDC est parfaitement placé pour aider les pays à lutter contre ce problème au niveau international. Nous pouvons qu'encourager une coopération effective entre les pays en stimulant les investigations et en soutenant les efforts de sensibilisation mondiale afin de familiariser les parents et les enfants à l'utilisation sécuritaire des NTIC. Mais chacun a son rôle à jouer, y compris le secteur privé qui est finalement la principale force motrice derrière les développements technologiques » a conclu M. Fedotov.

                                   Pour plus d'infomation, veuillez contacter :

                                                         Luciana Viegas

                                              Chargée de l'information publique

                                               Téléphone: (+43-1) 26060-4709
                                               Email: luciana.viegas[at]unodc.org