GRACE : Former des dirigeants intègres pour demain

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15 décembre 2021 - Les enfants et les jeunes peuvent être des moteurs de changements majeurs dans les attitudes et les comportements. Dans le monde entier, les jeunes jouent un rôle crucial dans le développement et la mise en œuvre d'efforts innovants et créatifs dans la lutte contre la corruption. Pour cela, l’éducation est essentielle pour encourager et promouvoir efficacement une culture d’intégrité et ainsi construire une génération qui lutte contre la corruption. 

Dans cette optique, la nouvelle initiative de l'ONUDC sur l’intégrité dans l'éducation et la jeunesse a été lancé aujourd’hui durant l’événement spécial de haut niveau organisé en marge de la Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption. 

L'initiative GRACE, pour désigner Global Resource for Anti-Corruption Education and Youth Empowerment (Ressource globale pour l’autonomisation de la jeunesse par l’éducation contre la corruption) favorise une approche holistique visant à donner à la prochaine génération les moyens d'agir avec intégritéd'être intolérant face à la corruption et aux pratiques non éthiques. Il s'agit d'une étape importante dans le travail de l’ONUDC visant à inciter les jeunes à être des acteurs actifs sur les problématiques liées à la corruption. 

« L'éducation donne vraiment aux gens un sens de responsabilité civique et la conviction qu'ils peuvent changer les choses. Qu'il s'agisse du changement climatique, de la prévention de la radicalisation vers l'extrémisme violent ou de la lutte contre la corruption, nos sociétés doivent trouver des moyens plus efficaces pour atteindre et impliquer les jeunes », a noté la directrice exécutive de l’ONUDCGhada Walyaccompagnée par Francisco Manuel Monteiro dQueiroz, ministre angolais de la Justice et des Droits de l'homme, Andrey Avetisyanambassadeur itinérant de la Fédération de Russie pour la coopération internationale contre la corruption, et Sherifa Sherifdirectrice exécutive de l'Institut national égyptien de la gouvernance et du développement durable.  

GRACE s'appuie sur les projets antérieurs de l'ONUDC, notamment Education for Justice (E4J), qui vise à prévenir la criminalité et à promouvoir le respect des lois par le biais d'activités éducatives conçues pour les niveaux primaire, secondaire et tertiaire ainsi que l'initiative Anti-Corruption Academic (ACAD). En exploitant les succès obtenus, GRACE élargit l'éducation anti-corruption de l’ONUDC en ciblant trois domaines spécifiques : l'enseignement primaire et secondaire, le monde universitaire et la recherche et l'autonomisation des jeunes. Pour garantir une approche multisectorielle, GRACE travaillera avec un large groupe comprenant des enfants, des jeunes, des éducateurs, des universitaires et d'autres parties prenantes concernées. 

Dans cette optique, la formation d'un nouveau conseil consultatif pour les jeunes a également été annoncée, afin de permettre à ces derniers d'apporter leurs points de vue et leurs idées sur la lutte contre la corruption. Le conseil consultatif sur l'intégrité « YouthLED » réunira un groupe de 16 jeunes talents, travaillant pour faire progresser l'éducation et l'autonomisation des jeunes ; éléments clés pour prévenir et combattre la corruption au niveau national, régional et mondial. 

YouthLED soutiendra GRACE dans la promotion de ses quatre principes transversaux : partenariats, innovation, genre et jeunesse, en s'engageant auprès des jeunes dans leurs pays et régions respectifs, ainsi qu'au niveau mondial en plaidant en faveur de l'initiative GRACE au sein de leurs communautés. Ainsi, ils pourront diffuser les bonnes pratiques et promouvoir des connaissances dans la lutte contre la corruption ; notamment en offrant des opportunités de formation et d'apprentissage grâce aux outils et ressources mis en place par GRACE.  

Les jeunes peuvent contribuer à promouvoir l'intégrité et être des acteurs significatifs du changement en développant des solutions innovantes au sein de leurs communautés avec le soutien des décisionnaires. En effet, il est dans leur intérêt d'exploiter l'énergie, les idées et le pouvoir de mobilisation des jeunes. 

« Dans une société où les familles éduquent leurs membres à respecter les ressources publiques et les biens de l'État ... où les écoles intègrent du contenu de lutte contre la corruption ... dans un système éducatif qui inculquent ces valeurset qui travaille ensemble, la performance des forces de l’ordre et de la justice sera certainement plus impartiale et moins susceptible d'être affectée par la corruption et les mauvaises pratiques », a dit le ministre Monteiro dQueiroz 

A l’occasion de cet événement, les gagnants du Hackathon organisé par l’ONUDC, Coding4Integrity Jeunesse Africaine Anti-Corruption, ont été présentés, illustrant la portée que GRACE peut avoir en termes de sensibilisation. Le hackathon était une compétition de codage d'un mois à laquelle ont participé des jeunes d'Égypte, du Kenya, du Nigeria, du Sénégal et d'Afrique du Sud. La compétition était conçue pour exploiter l'intérêt, le talent et les compétences des jeunes afin de trouver des solutions mêlant technologie et innovation pour lutter contre la corruption. Lhackathon est l'une des façons dont l’ONUDC travaille activement à promouvoir le développement de solutions durables de lutte contre la corruption basée sur les technologies d’information et de communication (TIC) pour faire progresser la mise en œuvre de la Convention des Nations unies contre la corruption (CNUCC). 

Plus de 1 900 développeurs des cinq pays ont demandé à participer au hackathon et, après un processus d'évaluation approfondi, 200 participants ont été sélectionnés puis répartis en 65 équipes. Au terme de ce hackathon, une équipe gagnante par pays a été choisie. Les solutions basées sur les TIC étaient développées autour d'une série de domaines thématiques : la transparence de l'administration publique, la transparence des marchés publics et de l'administration des finances publiques, la dénonciation sûre et fiable de la corruption et les enquêtes financières.  

Les gagnants du hackathon Coding4Integrity sont l'équipe Valoro (Égypte), l'équipe Enigma (Kenya), l'équipe STEM (Nigeria), l'équipe Fisk (Sénégal) et l'équipe Blockchain Bulls (Afrique du Sud). Leurs réflexions sur la corruption et la contribution de leurs innovations à l’encontre de la corruption peuvent être consultées ici 

« Le hackathon était merveilleux », a commenté Mamadou Sow, l'un des membres de la Team Fisk du Sénégal. « Nous avons appris beaucoup de choses sur la corruption et ses conséquences sur la société. En tant que jeunes étudiants en informatique, cela nous a permis d'utiliser l'informatique pour lutter contre la corruption ». Parmi les personnes sélectionnées pour participer au hackathon, plus d'un quart étaient des femmes, ce qui a garanti l’inclusion de la problématique du genre et ses problématiques, notamment dans le secteur des TIC. Joy Kareko, de l’équipe Enigma du Kenya, s'est exprimée à ce sujet lors de l'événement : « En tant que femme travaillant dans l'intelligence artificielle, il était palpitant de proposer une solution innovante pour lutter contre la corruption ».  

La promotion d'une éducation qualitative et d'un engagement significatif de la jeunesse sont devenus des sujets récurrents, créant ainsi de nouvelles voies permettant un changement positif et innovant. Les objectifs de développement durable, notamment l'objectif 16 concernant la paix et la justicene pourront être atteints que si nous inculquons à la jeunesse des valeurs mêlant éthique et intégrité. En cette année de lutte contre la corruption, cette vision a également été exprimée lors de la session spéciale de l'Assemblée générale des Nations unies contre la corruption de juin 2021. La déclaration politique qui a été adoptée souligne l’importance de l'éducation et de la formation sur la lutte contre la corruption. Ces composantes sont au cœur d'une approche holistique et multidisciplinaire visant à promouvoir la transparence, la responsabilité et l'intégrité, créant ainsi une culture qui rejette la corruption. 

La façon dont la société perçoit et aborde la corruption peut être révolutionnée uniquement si les jeunes sont impliqués dans la planification, la conception et la mise en œuvre des cadres, outils et politiques de lutte contre la corruption aux niveaux national et international. Il y a beaucoup à gagner à engager les jeunes dans la lutte contre la corruption. La collaboration intergénérationnelle est fondamentale pour parvenir à la solidarité, à la transparence, à la responsabilité et à la confiance entre les États, les personnes et les générations dans le but de mettre fin à la corruption.