Repenser l'incarcération : L'ONUDC accueille une consultation sur le traitement des troubles liés à la consommation de drogues et des troubles de santé mentale en milieu carcéral

 

Vienne (Autriche) et en ligne, 11 janvier 2022 - Près de douze millions de personnes sont actuellement incarcérées dans le monde, soit une augmentation estimée à plus de 25 % depuis 2000, tandis que 115 pays font état d'une surpopulation carcérale. L’ONUDC soutient les États membres dans leurs efforts pour lutter contre les troubles liés à l'usage de drogues et les troubles de santé mentale associés en milieu carcéral.

Traitement et soins pour les personnes souffrant de troubles liés à la consommation de drogues en contact avec le système de justice pénale 

 

La prévalence de la consommation de drogues en prison est estimée à 20%, soit environ quatre fois plus que dans la population générale. 22 % des personnes incarcérées sont condamnées pour des infractions liées à la possession de drogue pour usage personnel. 

Conformément aux conventions internationales sur le contrôle des drogues, des mesures telles que le traitement, l'éducation, le suivi, la réadaptation et la réinsertion sociale peuvent être des alternatives à la condamnation dans le cas d'infractions liées à la possession de drogues pour usage personnel. 

L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont lancé une initiative sur le "traitement et la prise en charge des personnes souffrant de troubles liés à l'usage de drogues en contact avec le système de justice pénale" et ont publié un manuel sur les "alternatives à la condamnation ou à la sanction" afin de soutenir la mise en œuvre de telles mesures par le biais de partenariats entre la santé et la justice.   

La prison est un environnement à haut risque, qui expose les personnes incarcérées à de nombreuses menaces pour la santé. Selon les Règles Nelson Mandela, les personnes souffrant de graves troubles mentaux ne doivent pas être incarcérées mais plutôt transférées dans des établissements de santé adéquats. Toutefois, les études épidémiologiques indiquent des taux de prévalence élevés pour les troubles de santé mentale (dépression, suicide) et les troubles liés à la consommation de substances dans les milieux carcéraux.

Traiter les troubles liés à la consommation de drogues et les troubles de santé mentale en milieu carcéral 

© iStockphoto/MoreISO

Une consultation technique informelle de l’ONUDC sur la prise en charge des troubles liés à la consommation de drogues et des troubles de santé mentale en milieu carcéral a réuni 120 experts de 53 pays. Des professionnels de santé, de la justice ainsi que des chercheurs, des législateurs, des membres de la société civile, des survivants et des représentants d'organisations régionales et internationales ont échangé sur les pratiques, les défis et les besoins liés à la consommation de drogues et aux troubles mentaux en milieu carcéral.  

Réduire l’écart de traitement pour les personnes souffrant de troubles liés à la consommation de drogues dans le monde et améliorer l’accessibilité des traitements basés sur la science ont été jugé comme essentiels pour réduire la consommation de substances, les problèmes avec la justice et ainsi réduire la surpopulation carcérale, bénéficiant le milieu carcéral et la société.  

Les traitements pharmaceutiques des troubles liés à la consommation d'opioïdes, y compris en milieu carcéral, sont des interventions cliniques efficaces pour réduire la consommation de substances ainsi que la mortalité et la morbidité qui y sont associées, réduisant également le risque de récidive et de réincarcération. Les interventions psychosociales telles que la thérapie comportementale et cognitive, la gestion des troubles, le soutien communautaire et les thérapies de groupe, ainsi que la sensibilisation à la surdose d’opioïdes, ont également été jugées bénéfiques.   

La couverture de santé universelle et l'équité sont des concepts essentiels pour garantir un service de santé qualitatif en milieu carcéral. La coopération entre les professionnels de santé, la justice et les services sociaux permettra une prise en charge de toutes personnes souffrant de toxicomanie et de troubles mentaux. 

L'ONUDC continuera à aider les États membres à améliorer les services de santé en milieu carcéral et espère intervenir dans les prisons grâce aux nouvelles données scientifiques, notamment dans les pays à revenu faible intermédiaire.