Ce module est une ressource pour les enseignants  

 

Les moyens alternatifs de mesure de la criminalité organisée

 

Des moyens alternatifs de mesure de la criminalité organisée sont apparus en raison des difficultés de mesure susmentionnées. Une stratégie inadéquate de mesure de la criminalité organisée consisterait à s’appuyer uniquement sur des statistiques policières (comme les arrestations) car ces données peuvent être trompeuses.  Par exemple, les arrestations pour jeu illégal, une activité qui a été associée à des groupes criminels organisés dans divers pays, ont diminué pendant des décennies dans plusieurs pays, mais cela n’est probablement pas dû aux efforts de réduction de la criminalité organisée.  Cela est plutôt dû à la croissance spectaculaire des lieux de jeu légaux, des paris sportifs aux casinos.

De meilleurs exemples sont les efforts déployés pour mesurer la criminalité organisée qui mettent l’accent sur la nature des infractions spécifiques commises par des groupes criminels organisés. Par exemple, le mouvement de divers produits illicites de leur source jusqu’aux diverses destinations permet une évaluation.

Mesurer le trafic de drogue

Par exemple, l’ONUDC publie chaque année un rapport mondial sur les drogues pour évaluer le trafic de drogues illicites dans le monde.  Beaucoup de drogues contrôlées telles que l’héroïne et la cocaïne sont à base de plantes, de sorte que le fait de commencer à leur source crée une piste à suivre jusqu’à leur marché de destination finale (ONUDC (b), 2019).

Le problème de la criminalité transnationale organisée n’est évidemment pas statique. Toujours dans le cadre du trafic de drogue, de nouvelles drogues synthétiques (non végétales) ont fait leur apparition, les activités de détection et de répression changent et la nature des marchés de la drogue n’est pas constante ou universelle. Ces circonstances rendent les mesures existantes éphémères et exigent un suivi constant des tendances et schémas de l’activité criminelle.

Dans le cas des drogues, une approche alternative consiste à se concentrer sur leur production. Les données sur lesquelles sont fondées les estimations de la production internationale illicite de drogues reposent sur plusieurs sources.  Tout d’abord, les États membres de l'ONU sont tenus de fournir des informations sur les drogues dans le cadre des conventions internationales relatives au contrôle des drogues. Les données proviennent également de rapports produits par des organisations internationales telles qu’INTERPOL et l’Organisation mondiale des douanes (OMD). Des informations sont également fournies par des organisations régionales telles qu’Europol et l’Organisation des États américains (OEA) ou des agences nationales. Par exemple, le Bureau des affaires internationales des stupéfiants et du maintien de l’ordre du Département d’État des États-Unis produit le Rapport sur la stratégie internationale de contrôle des stupéfiants. En outre, l’ONUDC a mis au point son propre programme de surveillance des cultures illicites qui a permis à certains pays de mettre au point des systèmes de surveillance pour déterminer l’étendue et les tendances de la culture des plantes narcotiques. Ces systèmes de surveillance comprennent des images satellites, des photographies chronologiques, des études sur le terrain et des entretiens avec des trafiquants appréhendés.

Mesurer les stimulants de type amphétamine

La mesure des stimulants de type amphétamine est encore plus difficile que celle des drogues à base de plantes. Contrairement aux trois autres principaux groupes de drogues (cannabis, cocaïne, opiacés), il s’agit d’un stimulant synthétique composé de produits chimiques plutôt que de plantes.  Les amphétamines peuvent être produites à presque n’importe quel endroit du globe pour un coût comparativement bas. La fabrication d’amphétamines (y compris l’ecstasy) a été signalée dans un tiers des pays du monde et, bien que le trafic d’amphétamines ait souvent lieu dans des régions spécifiques, leurs précurseurs chimiques sont trafiqués à partir de nombreux endroits, souvent détournés de leur usage légal (ONUDC, 2010 ; ONUDC, 2017 ; ONUDC (b), 2019).

Pour des données récentes et plus d’informations sur les tendances de la production et du trafic de drogue, veuillez consulter le Module 3 et le Rapport mondial sur les drogues le plus récent sur la page Web de l’ONUDC.

La mesure d’autres types de criminalité organisée, tels que la criminalité environnementale et le trafic illicite d’espèces sauvages, les trafics de produits médicaux falsifiés, de produits contrefaits et de biens culturels, la traite des personnes et le trafic illicite de migrants ainsi que la cybercriminalité, pose des problèmes de mesure similaires.  Des efforts visant à améliorer les connaissances et les capacités de détection et de répression sont profondément nécessaires afin d’interrompre et de prévenir ce genre d’entreprises criminelles. Néanmoins, ces efforts n’aident pas nécessairement à déterminer la véritable étendue de ces activités relevant de la criminalité organisée.

À mesure que les capacités d’application de la loi s’améliorent, elles deviennent plus efficaces dans la détection de la criminalité organisée sous toutes ses formes et manifestations (ONUDC, 2017). Par conséquent, un plus grand nombre de groupes criminels organisés sont détectés et perturbés. Cependant, il reste difficile de savoir si les véritables niveaux de la criminalité organisée changent ou si ce sont les capacités de détection qui se sont améliorées. 

 

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