Ce module est une ressource pour les enseignants 

 

Questions clés

 

La violence contre les femmes et les filles est un problème mondial qui touche les pays de toutes les régions du monde (Organisation mondiale de la santé, 2013). S'il existe une diversité parmi les différents types de violence, notamment la violence infligée par l’État, la violence perpétrée dans les communautés et les familles sous la forme de meurtres, viols et violences sexuelles, d’autres types de violence tels que le harcèlement sexuel, la mutilation génitale féminine (MGF) et la traite, il reste toutefois impératif pour le corps enseignant universitaire de saisir plusieurs facteurs communs :

  • Des personnes (principalement des hommes et des garçons, mais parfois également des femmes et des filles, par exemple des mères ou belles-mères qui prennent part à des violences liées à la dot, des mariages forcés ou précoces) choisissent d'infliger un traitement violent à des femmes et des filles.
  • Les comportements et stéréotypes associés à la masculinité et la féminité appuient l’utilisation de la violence contre les femmes et les filles.
  • Les lois et coutumes (en particulier les coutumes normatives associées à la culture et la religion) reflètent ces comportements et fournissent un cadre dans lequel la violence contre les femmes n’est pas sanctionnée comme elle le devrait.
  • L’inégalité économique est à la fois un aspect de la violence sexiste contre les femmes et les filles (en cas d’abus économique, d’abus liés à la dot, etc.) et un moyen essentiel d’empêcher les femmes et les filles d’accéder à la justice. Par exemple, les femmes et filles dépourvues de moyens financiers suffisants pour vivre de manière indépendante n’ont parfois pas d’autre choix que de rester dans le foyer de leur époux, partenaire ou père violent. Les effets indésirables de l’inégalité économique et de la violence sexiste contre les femmes et les filles sont souvent cumulés en termes de préjudice. Par exemple, les femmes et filles victimes de violences sexistes se trouvent souvent dans l’incapacité d’exercer un emploi rémunéré, ou leurs performances professionnelles en pâtissent et amenuisent ainsi leurs perspectives de carrière. Les conséquences défavorables de ce type viennent compromettre davantage l’indépendance économique dont de nombreuses femmes et filles ont besoin pour se sortir de situations de violence sexiste.

Pour dispenser ce cours de manière appropriée, le corps enseignant universitaire doit s’engager en faveur de l’égalité des genres et de la lutte contre les violences faites aux femmes. Cela implique de comprendre que :

  • La violence contre les femmes et les filles ne trouve jamais justification.
  • La violence contre les femmes n’est pas inévitable. Les États peuvent prendre des mesures pour stigmatiser le recours à la violence, infliger des sanctions importantes aux auteurs d’actes de violence et fournir des moyens de réparation aux survivantes : les communautés, familles et personnes peuvent également stigmatiser le recours à la violence, soutenir les survivantes et agir au quotidien pour que les femmes et les filles soient les égales des garçons et des hommes et jouissent de tous leurs droits fondamentaux.

Lors de la préparation du Sujet 1, il est essentiel de rappeler que deux thèmes sont présentés simultanément : les faits de violence contre les femmes survenus dans le monde et une approche axée sur les droits fondamentaux qui reconnaît la réalité totale du préjudice (physique, mental, social et politique) et identifie des solutions que les États sont tenus de mettre en œuvre en vertu de la loi.

Par conséquent, la présentation initiale s’appuie sur la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes de l’Assemblée générale (AG) des Nations unies (Résolution AG 48/104) pour énoncer les formes de violence contre les femmes et les filles : le modèle écologique indique les modalités de manifestation de la violence contre les femmes et les filles de manière factuelle et pratique, en insistant particulièrement sur les facteurs de causalité et les solutions pratiques.

Ces considérations peuvent se révéler particulièrement intéressantes pour les étudiantes et étudiants en sociologie, assistance sociale, anthropologie, psychologie et droit, ainsi que pour ceux qui se préparent à une carrière dans l’éducation, que ce soit dans le domaine de la petite enfance ou du premier, second ou troisième cycle. Il est un domaine d’expertise professionnelle qu’il convient de développer de façon conséquente dans tous les pays : le recueil de données sur la violence contre les femmes et les effets de l’inégalité de genre à une échelle plus générale. Ainsi, les étudiantes et étudiants en statistique trouveront dans ce module une ressource non négligeable pour envisager un recueil et une présentation de données sécurisés, éthiques et précis. Au regard des impacts sanitaires de la violence contre les femmes et les filles, ce module intéressera également les étudiantes et étudiants en médecine, soins infirmiers et autres professions médicales.

L’approche axée sur les droits fondamentaux nous impose de réexaminer l’impact pratique de la violence contre les femmes dans les termes suivants :

  • Qui est victime d’une violation de ses droits fondamentaux ? Quels droits fondamentaux ?
  • Qui a recours à la violence et enfreint les droits fondamentaux des femmes et des filles ?
  • Qui doit agir pour fournir un recours à la victime et prévenir d’autres actes de violence à l’avenir ? Quel type de mesures doivent être prises ?  

Les enseignantes et enseignants universitaires pourront également trouver un intérêt à présenter l’approche d’économie politique, ce qui implique de comprendre les rouages du pouvoir et l’influence des priorités économiques sur l’évolution de la société. Voici donc quelques considérations pertinentes dans ce domaine : identification des personnes dont les intérêts légaux sont prioritaires et protégés, possibilité donnée ou non aux femmes de recourir à la loi pour protéger leur autonomie et intégrité physiques, mentales et sexuelles. Par exemple, les femmes ont-elles accès aux tribunaux pour obtenir une ordonnance de protection ? En outre, lorsque les femmes parviennent à obtenir une ordonnance de protection, la police la met-elle en application ? L’État opère-t-il un investissement équitable dans l’éducation des garçons et des filles, enseigne-t-il à tous les enfants et jeunes gens le respect de l’intégrité physique, mentale et sexuelle de l’autre, indépendamment de son genre ? L’État investit-il dans la mise en place de refuges pour les victimes de violences domestiques, de lignes d’assistance et de services de soins médicaux spécialisés pour les survivantes et survivants d’actes de violence, y compris des services psychologiques et sociaux ? Les étudiantes et étudiants en droit, économie et politique trouveront probablement cette approche d’économie politique particulièrement intéressante.

Les enseignantes et enseignants universitaires pourront également entrer en contact avec des organisations locales qui fournissent des services ou militent en faveur des femmes et filles victimes de violence, afin de les inviter à venir parler de leur travail dans le cadre de ce cours. Les enseignantes et enseignants universitaires devront alors garder à l’esprit que ces prestataires de services sont souvent très occupés (submergés par des charges de travail très lourdes avec très peu de ressources) et peuvent ne pas être en mesure de participer aux cours. Dans ce cas, une alternative pratique pourra consister à obtenir auprès des organisations locales des documents écrits présentant leur travail, les services qu’elles fournissent ou les difficultés auxquelles elles sont confrontées.

Bien-être des étudiantes et étudiants qui suivent ce module

Dans la mesure où la violence sexiste contre les femmes touche au moins une femme sur trois dans le monde (Organisation mondiale de la santé, 2013), les enseignantes et enseignants universitaires doivent avoir conscience de la présence assurée dans leur cours de filles et jeunes femmes ayant été victimes de violences sexistes, de même qu’il est probable qu’ils s’expriment face à des garçons et des hommes ayant perpétré des actes de violence de ce type. Certains étudiantes et étudiants auront été témoins d’actes de violence sexiste ou auront entendu des proches leur raconter une expérience similaire.

Ce module n’est pas destiné à faciliter la gestion des expériences de violence ou de maltraitance, qu’il s’agisse des victimes, des agresseurs ou des témoins, mais il sera néanmoins crucial que l’enseignant ou l’enseignante universitaire communique des informations concernant les organisations ou prestataires de services susceptibles d’aider les apprenants personnellement touchés par cette question et en recherche d’assistance. Pour ce faire, l’enseignant ou l’enseignante universitaire devra donc rechercher des possibilités d’aiguillage avant de dispenser ce cours, idéalement en contactant les organisations compétentes et en identifiant des options de recommandation et des moyens efficaces d’obtenir de l’aide. L’enseignant ou l’enseignante devra alors planifier une mise à disposition des informations relatives aux options d’aide pour les étudiantes et étudiants de manière confidentielle et respectueuse de leur vie privée, par exemple en en communiquant les coordonnées sur un document papier placé sur chaque bureau.

Il se peut que certains étudiantes et étudiants se trouvent dans une situation telle qu’il pourra s’avérer préférable pour leur bien-être qu’ils ne participent pas à ce cours. Pour cette raison, les enseignantes et enseignants doivent informer la classe du contenu du module à l’avance, de sorte que les étudiantes et étudiants puissent prendre cette décision en toute intimité. Il est important que les enseignantes et enseignants créent un environnement dans lequel toute personne choisissant de ne pas participer à ce module puisse le faire sans être jugée et sans qu’on lui en tienne rigueur.

Pour obtenir plus d’idées sur la protection des jeunes et certaines suggestions de règles fondamentales applicables aux enseignants et aux étudiantes et étudiants qui participent à des cours portant sur la violence contre les femmes et les filles, consultez l’Association mondiale des guides et des éclaireuses et le Manuel destiné aux chefs de groupe du programme Voix contre la violence d’ONU Femmes (2014). Bien que cette ressource vise à proposer un programme sur la violence contre les femmes destiné aux enfants et aux jeunes de 5 à 25 ans et que le présent module soit rédigé pour permettre au corps enseignant universitaire d’enseigner ce sujet aux étudiantes et étudiants universitaires, il existe néanmoins des principes importants en matière de protection et de gestion de contenus difficiles adaptés à un public de jeunes adultes. Être victime de violence sexiste contre les femmes et les filles, en être témoin ou prendre conscience que son propre comportement relève de la maltraitance est souvent fortement stigmatisant et il convient d’aborder avec beaucoup de prudence les jeunes personnes touchées par ces questions. 

 

 

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